les fourmis rouges

Du fin fond de ta mémoire, aussi loin que tu puisses te souvenir
Des temps reculés, quand tu n’avais encore pas pieds dans ta réalité
Te rappelles-tu du Loup ?
Le grand Méchant.
Celui qui dévorait les enfants.
Celui qui faisait pleurer les grands.

Tapi sous ton lit pendant les orages, il guettait les coupures de courant pour venir faire briller son reflet d’acier au coin d’un miroir.
Il sortait la tête parfois, à tes pieds, pour te regarder dormir.
Il te surveillait.
Toi, tes rêves et tes peurs.
Il mélangeait tout ça pour pouvoir se nourrir de tes larmes.

Fallait être fort, fallait être courageux.
Papa n’était pas là. Maman était encore maman, endormie.
Fallait être eux, à toi tout seul.

Je l’entends toujours, le rire du grand Méchant.
Il a tellement lavé mes yeux que seuls les films me font pleurer.
Tristesse d’une couleur disparue.
Le puzzle incomplet.
Il manque.
Il manque…
Il manque quoi…

Qu’as tu volé, grand Méchant ?
Tu as tellement pris que tu aurais pu construire un autre moi aux pieds de mon lit.
Peut-être devrais-je aller regarder.
Peut-être vais-je m’y retrouver.
Peut-être vais-je me compléter.

Nous étions étendus sur l’herbe.
Des fourmis rouges me piquaient les cuisses.
Je n’avais pas envie de rester.
Et je ne me souviens plus.

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