Drogues

Les yeux luttent pour se fermer et pouvoir se reposer, enfin.
Je ne les laisserai pas faire.
Trop de choses à attendre. Ma drogue. Besoin de prendre une énorme cuite au rien. Me saouler de vide. N’en plus pouvoir et trouver le point final à tout ça. La minute où je pourrai me dire que ça suffit, c’est bon, je capitule, je te rends ta force et je garde mon plein de rien pour la prochaine fois.

Des harmonies dans les oreilles, en avoir la tête qui tourne.
Sigur ros me résonne au fond des chairs et des tissus.
La plus douce des drogues se joint à mon attente inutile. Cette drogue-là attaque et vrille le ventre. Elle donne envie, mais ne permet pas.
Encore une bouffée d’attente et de rien. Encore une taffe de ce mélange qui m’érode et me pétrit un peu chaque jour, chaque nuit.

Je ne sais pas quel goût ça peut avoir sur votre langue, si au moins vous avez conscience d’en bouffer à chaque instant de votre drogue, de ce petit mieux que l’on souhaite ou de cet être que l’on attend. Un enfant ? Une nouvelle voiture ? Un toit pour dormir ? Un cancer à tuer ? Une vie à vivre ? Une mort à faire reculer ? Quelque chose de plus original peut-être. Je n’en sais rien, je me contente de peu. Vivre en accord avec ce que je suis me suffit.
Ces choses que l’on attend, plus ou moins activement, étendu sur un lit ou bien luttant de tout son être. Notre petit plaisir ou bien notre sens à la vie. Notre confort, un petit luxe supplémentaire ou bien un combat pour rester encore un peu sur terre et ne pas s’arrêter là. Nos drogues vitales.

Je savoure mon attente de rien, sans pour autant pouvoir vous dire quel goût ça a, comme ça.

Mh… Patience… L’harmonie et la voix glissent maintenant au fin fond de ma tête et presse, essort les souvenirs choisis. Une liqueur ou un acide. Je ne saurais dire ce qu’il en coule. ça fait mal, un peu. Mais ça me donne envie.

Continuer. Attendre, m’ennivrer de vide et de rien, profiter de ce temps pour me consacrer entièrement à ce que je suis.

C’est délicieux. Sucré, salé, poivré, épicé, chaud, glacé…
Je … en me nourrissant de tout.

Edit 23 mai 2007.
Pourquoi t’arrivais pas à le trouver, le verbe que tu cherchais pour ta dernière phrase ? Pourquoi t’a t’il échappé ?
Il t’a même empêché de publier ce texte quand tu l’as écrit. Culpabiliser.
Certains usent trop éffrontément du mot « liberté ». Et je sens que j’ai atteint mes propres limites de patience. Mon art du sommeil mériterait une palme. Tu sais, un de ces gigantesques éventails secoués par un eunuque complaisant.
Tu t’es débarrassé de tout ça maintenant, non ? Tu ne penses pas qu’il serait temps ?
Parce que bon, la cinquième couche de laque, sur la table en chêne, c’est pas franchement nécessaire.
« wait and see ». Culpabiliser. En rire, bientôt.

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