Une histoire de chaussettes

Je joue au jeu des 7 chaussettes pendant dix minutes.
C’est comme les 7 familles, sauf que c’est avec des chaussettes.
Et c’est pas vraiment un jeu à la base, c’ets plutôt un truc super chiant mais comme on dit, mieux vaut s’en amuser, hein.
Une chaussette toute seule. Tiens, on dirait du 32. Ce serait pas à moi ça ?
Oh, une autre chaussette en 32. Elle serait pas à moi aussi celle-là ?
Quelques chaussettes plus tard, je me rends compte qu’en fait non, elles sont pas à moi ces chaussettes-là.
Elles sont bien à lui.
Pourtant, il a des grands pieds, avec des orteils grands comme des tours Eiffel.
Cette petite expérience m’inspire un petit aphorisme que je vous mets de côté, rien que pour vous.
Ce sera votre cadeau de noyel.
Internet est au monde ce que le lèche-linge est à ton pied. ça le rend tout petit.

Rêve #2. La cité médiévale.

Suite du rêve de cette nuit.
Plusieurs scènes en vrac.

Une cité médiévale. Des ruelles poussièreuses, des demeures à un étage en surplomb, des colombages, des fenêtres à meneaux. Sur la place du village, avec en sentiment l’impression de déjà connaître ce lieu. Je sais que je me trouve plongée au milieu d’un lieu imaginaire, un décor fictif de jeu, devenu ma réalité. Tout le rêve se déroulera alors dans cette ambiance surréaliste, où le décor date de plusieurs siècles, mais où je sais que les personnages sont bien ceux du temps présent, même s’ils revêtent d’autres apparences.

Une ruelle en montée, surplombée d’une construction sur plusieurs étages. Je vais pouvoir observer chacune des plaques, indiquant les noms des différents étages de ce bâtiment. A coté des plaques, une fenêtre.
(Je ne me souviens plus exactement des incriptions des plaques.)
Premier étage : « Juste avant de sauter » ( ?). Des gens courent vers la fenêtre, ils courent donc dans ma direction. Ils prennent leur élan. Je vois deux de ces personnes courir, sauter… vers où ? Je ne les vois pas, je sais simplement qu’ils vont mourir. Et ils sont tous les deux adolescents.
Deuxième étage : « Dix années après  » (toujours « ? »). Des cadavres dans la terre. Des squelettes qui bougent, je crois. Une scène à la Villon ?
Troisième étage : « Dix années avant » (ou quelque chose du même genre). Une photo de famille, des gens heureux et souriants, une photo figée et jaunie, des tons sépia. Famille nombreuse, j’ai le souvenir d’avoir vu au moins une douzaine de visages sur le cliché.

L’immeuble de la Mort.
Et derrière cet immeuble, si je passe sous ce pont, dans cette ruelle, je passe dans le monde de l’au-delà.
Eh bien, cela tombe à pic. J’ai une réunion de travail qui m’attend là-bas.
Dans mon rêve, je travaille chez les morts.
Je ne me souviens plus bien de mon travail. Je sais que je dois assister à une réunion, en tant que membre d’un jury je crois. C’est une assemblée de juges devant laquelle mon avis n’est que consultatif en fait. Je me souviens d’une discordance de points de vue, entre mon « supérieur » et moi. Je sais que je ne suis pas d’accord, mais je ne sais plus à propos de quoi. Je me sens impuissante et frustrée. Je sais que mon avis n’a aucune importance. Je dois faire comme il l’a été décidé par les membres réguliers de cette assemblée. Je sais que les sorts de personnes sont entre mes mains. Mais je vais devoir agir contre ma propre volonté.
Mon supérieur a un signe particulier physique en commun avec mon père. Il lui manque une incisive, dans les dents du bas. Je reconnais le petit sossotement lorsqu’il me parle. Signe de vieillissement, la première dent déchaussée.

Et puis après je sais plus.

Rêve #1. Une question de choix.

Rêve totalement chaotique. Des bouts de réalité tout mélangés.

Autour d’une grande table en bois rectangulaire. Moi d’un côté. De l’autre, lui. Et elle.
Ses doutes à lui, ses questions passives. Passives parce que centrées sur lui. Sans regarder autour de lui. Excentré à force d’être concentré.
Ses minauderies à elle, son regard provocant à mon égard. Ses caresses sur lui, sa joue contre la sienne, sa main, active.
Mon envie, à moi, de jeter le contenu d’une bouteille de vin sur sa face, à elle. La rage, stérile et fuyante. Je me lève, longe la table vers la gauche. Je regarde maintenant la scène de loin. Loin. De toute une grande table de bois. En diagonale.

Je me suis vue pourtant, contourner cette table, par la droite, pour venir verser la bouteille sur ses cheveux, à elle. Me venger. Puérilement. Je me suis imaginée, dans ce rêve.
Et c’est le scénario de la fuite que j’ai suivi.
Ma question est « pourquoi ? ».
Depuis mes six ou sept ans, je connais la rage de sentir le liquide glacé se répandre du sommet du crâne jusqu’au fond de la robe, le long du dos, du ventre. La surprise, mêlée d’impuissance, ce désarroi de l’ « aqua bon » (hum.) lorsque l’on sait que l’adversaire saura, de toute manière, toujours être plus fort, dès qu’il s’agit de réagir par la violence et les actes, plutôt que par les paroles. Mon adversaire d’alors n’était pourtant haut que comme trois pommes. Mais je ne dépassais moi-même pas les deux. Et il avait, pour lui, un appendice entre les jambes. Et quand un être humain se retrouve avec ce truc en couronne au-dessus de ses deux gonades, il faut se dire qu’il ne connaîtra jamais aucune limite dans la violence et dans la montée vers les derniers retranchements de la force des corps. Un jeu ne trouve pas sa fin, jamais, tant que cet être n’aura pas prouvé au monde entier, ou aux autres nains de l’assemblée, que c’est lui qui a bien la plus grosse couronne sous le nombril.
Plus tard, les combats face à mon frère, tous marqués dans mon souvenir par l’amertume de mes échecs, m’ont confortée dans mon opinion sur la race des couronnés. La dernière montée en chute libre fut celle qui s’est conclue par une fourchette plantée dans les doigts de ma soeur, et mon envie, jamais consommée, jamais complètement étouffée, de faire subir le même sort à l’auteur de cette démonstration inutile de puissance (même adjectif).

Jeter cette bouteille à la face de cette fille, aussi jouissif sur l’instant que je puisse l’imaginer, devait ainsi rester un fantasme. Ce ne sont pas mes vraies armes. Ce ne sont pas des combats de cette sorte que je désire mener. Ceux-ci sont réservés à ceux qui ont une fierté dégoulinante à afficher, en trophée, au fond de la poche de leur jean trop serré.

Ai-je réellement fui ? Ai-je vraiment ressenti l’échec cuisant de l’impuissance ? Alors que nous étions, au fond, toutes les deux à égalité, l’une face à l’autre… Toujours cette peur d’être la plus faible, la plus effrayable, la plus fragile… Il ne faudrait pas non plus que je prenne la facheuse habitude de me conforter dans le rôle de celle qui refuse les combats, par peur de ne jamais sortir victorieuse.

Cesse donc là les questions. De toute façon, il y avait un homme absent dans l’histoire. Et si combat il y aurait du avoir, cela n’aurait pu être possible qu’à trois effectivement présents, en corps, en âme, en pouvoir de choix.

collection de choses

Et si je faisais des T-shirts, hein ? Avec des vrais trous pour des vrais bras et des trucs écrits dessus et des dessins aussi pour donner l’impression d’une logique. Faire réfléchir le lecteur. Le passant. Le voyeur.

« J’ai fait une connerie ou bien je suis parano ? »
Illustration : Un homme, seul, debout, la cravate de travers, le costume un peu froissé, sur les décombres d’un immeuble.

Humour ou pas ?
Parler de la météorite de 2036 ?
Aller faire un stage de peinture en bâtiment, m’acheter une fusée et aller la repeindre en blanc comme le monsieur il a dit, pour dévier la trajectoire à cause des vents solaires.
Je me suis rongé quatre ongles.
Trois à la main gauche. Un à la droite.
Ma fabrique de globules blancs m’épuise.
Je fais du vrac. Qu’importe.
La fin du monde est un problème de grandes personnes.
Ne plus grandir, ne plus grandir, ne plus…
Les yeux du Tambour. Les anguilles. Bertolt Brecht.
Comme pour 99 % des films, je serais incapable de te raconter quoi que ce soit, à part le bleu de ses yeux, les anguilles qui grouillent.
Si seulement j’avais vendu mon cerveau pendant qu’il valait encore quelque chose. Maintenant, il est trop tard. Je vais devoir le garder et le finir, comme ma saxomobile.
Est-ce le temps qui contribue à me faire prendre conscience d’un sentiment de fin ? Un sentiment de mort trop tôt, un inachevé, une douleur. Un gris qui entre dans ta bouche et vient t’étouffer dans ton sommeil. Un rouge qui se faufile par une narine. Un bleu qui ne peut plus rien pour toi, il est trop tard madame, monsieur, nous sommes désolés.

Bonne journée, merci, aurevoir.
J’oubliais. Collection de t-shirts « la fin du monde ».

Les gens heureux de l’être, ils m’emmerdent.
Et les gens tristes aussi.
Du coup, j’ai choisi de devenir quelqu’un d’insignifiant.

« Je suis célibataire, cassez-vous, on a rien à se dire vous et moi. »

« Chérie ! Regarde ! j’ai trouvé de magnifiques chrysanthèmes en plastique pailletés pour mettre dans le sapin ! »

Envie de planter des pommiers dans les cimetières. On verra ceux qui font le plus de fruits. Et ceux qui rendent le plus de vers.

Horoscope du jour : Aujourd’hui est un jour à prendre fermement dans sa main droite un stylo bic noir et tracer des ronds sur une feuille blanche jusqu’à la transpercer.
Demain, vous mourrez.
Non, c’est une blague, voyons ! Mais vous le saviez, puisque votre ascendance de Saturne en Pluton à la troisième maison des chevaliers du zodiac vous confère un sens de l’humour des plus raffinés.
Mais vous mourrez quand même !
Haha !
Blagueur va.

Capture

J’ai voulu prendre une photo. Un instantané. De ceux que l’on garde des années, dans un tiroir de sa table de chevet ou bien dans la grande poche du portefeuille, à la place des billets qui, eux c’est certain, sont voués à circuler et ne jamais rester.
Une photographie que je prendrais plaisir à ressortir, parfois, souvent, chaque instant. Une photo qui peut-être saurait vieillir sans jaunir. Une photo qui tiendrait en elle toute la Foi que j’ai voulu capturer à cet instant.
Une photographie de la croyance.
Une photographie de tous les mots qui ne se prononcent pas, de peur de les fêler. Des mots silencieux, des soupirs et des couleurs, rythmés par un générique de fin de film, une musique dont seuls les battements de coeur m’arrivaient.
Une photographie de l’éternelle fragilité.
La fibre qui s’est tissée alors entre son regard et le mien.
Lien intense, invisible, fugace.

Mais pourquoi chercher à l’enfermer sur un bout de papier, sur des pixels, du vocable, des noms, des verbes et deux sujets ?…
Pourquoi ai-je envie de courir après la vanité, la conservation, souvent stérile, de ces instants, alors que je ne sais pas chasser ?

Je nous préfère en liberté.
Et laisser les échos vibrer de tous les accords de nos présents.

youpi

Chaque année c’est la même chose. Nous voilà rendus à 10 jours de noël.
Ces 10 putains de jours qu’il me reste pour faire les achats que j’ai repoussés, repoussés… Y’a le temps, noël, c’est pas pour tout de suite et gnagnagna.
Ben voilà, c’est ici et maintenant moins 10 jours.
Et ces 10 jours sont bien évidemment les pires jours de l’année où je n’ai absolument vraiment complètement aucune envie de sortir de chez moi, parmi les 350 autres.
Noël… Il s’est fait attendre, celui-là. Pour quoi, au juste…
Il n’a rien de plus magique que les autres.
Toujours aussi rouge. Aussi pailleté. Aussi enguirlandé. Aussi morne. Aussi triste.
La seule magie que je ressens, c’est celle que je vis par procuration. Par l’intermédiaire d’un téléphone.
Noël. Redescendre à Lyon. Cela fait plus de 5 mois que je n’y suis pas retournée. Et je n’en ai pas vraiment envie.
Je veux juste hiberner pendant un mois à compter d’aujourd’hui. C’est tout ce que je veux pour noël. Merci.
Mais il suffit d’une bougie pour que toute la lumière change.

Rendez-vous sous le grand chêne

La fille qu’est toujours en retard.
En retard de 340 fils rss en attente dans le gentil bloglines qui les accumule pour elle.
Elle finira par en lire 10 et puis tous les marquer « lus », en se disant que quelque part, elle a rien loupé. Puisque c’est de la vie qu’elle a pas envie de passer à côté.
En retard dans son boulot parce que les tâches sont répétitives, parce que les tâches demandent de la concentration et que ça, décidément, elle en manque vachement. Comme de la volonté.
M’enfin, ça dépend pour quoi.
La fille, elle est éparpillée.
En retard tout le temps.
Tous les jours.
Les « pourquoi pas » lui font envie, les « parce que » lui font peur.
La fille se lasse du temps comme des espaces.
La fille passe en rigolant, et ne repasse jamais que des chouettes chemisiers qu’elle rechigne à porter. Parce que merde, faut encore repasser.
La fille se ramasse souvent.
Elle s’en fout, tant qu’elle tient encore debout.
La fille manque de se jeter dans des risques inconsidérés.
La fille essaye d’avancer.
La fille a pensé, toute la journée, aux grands enfants, à son retard, à ses risques inconsidérés.
Elle a stressé… mais pas comme avant. Je l’ai même surprise à sourire, à un feu rouge, au dessus de son volant.
Je me dis qu’elle est folle. Mais pas comme avant.
Elle est folle comme maintenant, et c’est bien pire.
La fille avait tout tracé, et puis la vie a tout effacé.
Elle s’est retrouvée dans la forêt comme le petit Poucet.
Et là, elle s’en fout un peu d’être en retard et de pas savoir où aller.
Parce qu’elle se sent même pas paumée.
Juste à l’heure du rendez-vous avec les risques qu’elle ne sait plus comment considérer.

Encore des lignes effacées, des lignes pleines de fées.
Elles sont pudiques, je crois.
Normal, elles ont besoin de se protéger.
Qui le fera pour elles, si elles ne s’en chargent pas ?

Elles tissent leur toile, entre La ville et les champs.
Farouches, elles prennent garde au début de ne pas laisser de traces de leur passage.
Et puis un jour, elles oublient un truc ici, un truc là.
Elles font briller leur fil dans la nuit, pour qu’on le voie bien.
Faut juste garder les yeux fermés et se laisser porter par leur chant,
Leur danse et leurs bras. Et là, pouf, tout s’éclaire !

Les fées, ces coquines, font disparaître les minutes et les heures,
Sous leurs chapeaux, mais parfois, elles n’en portent pas.

Elles sont un peu partout dans ma tête…
Elles s’emparent des lieux, je crois.

Je file, j’ai une toile à tisser.

CVP, ça avance pas.

Quand je serai grande, je vais acheter la planète et, constatant avec effroi la faillite mondiale ainsi que l’inefficacité des chefs de rayon en poste, je vais organiser une grande réunion et virer tout le monde. Ceux que j’aime pas, je vais les transformer en marsmallows géants, en aubergines, en courgettes, en steaks, en raisins, en rivières, en frites légères et croustillantes et en crêpes jambon-fromage… ha, et aussi en riz créole. Et tout le monde aura à manger et à boire.

Donnez-moi les nuages, que je les calme.
Donnez-moi l’air, que je le purifie.
Donnez-moi un continent, que je le soigne.
Donnez-moi la Terre, que je la berce.

Et puis donnez-moi un homme, que je le rende heureux ?
Euh, non. Trop présomptueux.

J’ai des grands projets de vie, aujourd’hui.
Mais faut que je trouve une formulation plus adéquate pour mettre ça sur mon CV.