Vieux motard et la 7ème compagnie

He merde… J’ai encore pas écrit mes cartes de voeux cette année.
Bon. Je vais les ranger avec celles de l’année dernière, tant pis.
N’empêche que… Tous mes voeux les plus vierges à tous ceux à qui je n’ai pas écrit.
C’est à dire tous ceux à qui j’avais envie d’écrire.
C’est à dire pas grand monde, mais ça fait déjà beaucoup pour un petit pois comme moi.
Petit pois indigne, qui plus est, d’avoir des gens si bien autour d’elle et de même pas être capable de leur adresser quelques mots pour les remercier d’exister.
Individuellement. Et surtout, pour les chocolats.
Pas sur ces pixels qui ont vu films de cul, photos de c’qui y’a autour, lettres de rupture, déclaration de non-amour, mémoire de thèse, mémoire de stage, recettes de cuisine, jeux débiles, webcams lointaines, discussions enragées, monologues fades, propos désobligeants, paroles désobligées et autres réjouissances de la vie sur écran.
Ailleurs. Sur des bouts de papier.
Le cachet de la poste ne faisant pas foi, ce sera l’horloge de l’ordinateur, pour cette fois.
Et puis faut que je pense à écrire les vraies avant juillet, quand même.

Et sinon, sachez que « Versus » d’EZ3kiel… ça résume tout ce que je vous souhaite, et tout ce que je vous souhaite pas mais que vous avez sous les yeux tous les jours pour peu que vous ayez une fenêtre sur Monde.
Et ça, c’était le petite phrase pour placer le truc que j’arrive pas à garder pour moi.
Bordel, elle poutre trop cette chanson.

Confiance.
La laisser se consumer,
Se blesser sur les bouts de verre brûlants,
Cautérisants, que l’on a soi-même choisi de piler.
A mains nues.
Et partir.
Ou
La protéger de la main destructrice,
De sa propre main.
Essayer de réparer la fissure.
En gardant un oeil sur le feu.
Et rester.
Embellir, abriter, préserver, fortifier, se battre pour plus personne n’y touche.
En sachant que cela se reproduira.

Me protéger.
Ou m’exposer aux attaques.

Point d’interrogation.

Iridescence

C’était quelque part, sur une autre planète ou bien dans un autre temps.
Un monde qui ne m’appartient pas
Un monde auquel je n’ai jamais appartenu.
Des couleurs flamboyantes
Deux sourires qui se reflètent l’un dans l’autre, sans se regarder,
Des échos du passé.
Deux lumières qui font briller tout autour de moi la spendeur du décor,
Le noir fushia des lèvres, le noir ivoire des peaux fatiguées,
Noir turquoise des yeux au loin, noir bouteille qui se vide,
Noir blé et noir café des cheveux qui s’appellent à se boire, à se dévorer,
Noir garance de mon sang qui s’affole, noir glacier d’un oeil éveillé,
Noir marine d’un océan d’essence, où je me consume,
Où je me noie.
Les sens irisés.
Le noir d’ambre et de miel des flammes,
Et la fumée, dense et profonde, telle une forêt tropicale.
Le vent se lève. Mais quelque chose a brûlé.

La sorcière de l’oreiller

Réveil en compote. Ma tête, c’est la pomme.
Quelqu’un essaye de m’arracher les oreilles en tirant dans mon cou.
Je crois que cette méchante personne se planque au milieu de ma nuque. Elle tire et contracte tout.
En somme, j’ai mal.
C’est plus simple dit comme ça, en fait.
J’ai mal dans mon cou.
Parce que j’ai eu mal dans mes rêves.
Mal dans mes peurs. Mal dans mes complexes. Mal dans mes doutes.
Mal à l’avenir.
Je baisse parfois les bras. Bas. Le plus bas que je peux. ça étire les muscles, a priori. Peut-être même que ça devrait faire du bien.
Mais la logique a ses raisons que les bras ignorent.

Traversée

Soyons sûrs de nos différences,
De notre peu de chances.
Réussir là où d’autres ont coulé,
l’ancre amère, le vaisseau éventré.

Soyons sûrs de l’éphémère,
Des ça ne peut plus durer.
On atteindra la terre, un jour,
On s’écrasera peut-être sur les rochers.

Soyons certains de l’impossibilité menaçante,
Des doutes, des pièges.
Notre impuissance à faire que chaque nuit
Connaisse son petit matin.

Et après avoir fait le tour,
Après avoir tout mesuré,
Après s’être parfois acharnés à vouloir détruire
ce à quoi l’on rêve de s’attacher,

Après avoir tiré les diagonales
Sur des cartes à moitié effacées,
Et qu’alors on se trouve,
Encore, toujours, à nouveau révélés,

Sans cesse plus vivants, plus brillants
Dans nos yeux en quête d’étoiles,
Alors peut-être seulement,
Aura t’on l’espoir de savoir s’aimer.

Tout est question de point de vue

Faut que je vous le dise. Faute de pouvoir vous la chanter.
Cette belle chanson.

« I got big balls… I got big balls… »

Dans la tête, en boucle, depuis ce matin.
Bon, maintenant que je vous en ai fait part, ça va un peu mieux, merci.

Non, en fait, non, ça va pas mieux. Parce que ce n’est pas l’air que j’ai en tête, c’est l’image.
Et l’image, je veux pas la faire sortir. Je la garde au chaud.

C’ que c’est romantique un mec qui vous chante « I got big balls… I got big balls… » ! Non vraiment hein. ça m’accompagne, au long de ma journée, ça me fait sourire, ça me fait rêver et tout…
C’est quand même pas aussi romantique que le « Qu’est-ce que t’es bonne », mais presque.

J’ai testé pour vous…

… Yaourt La laitière Fruits pâtissiers « pomme façon crumble » du 26/11/2005, aujourd’hui, 16h32.
Aspect : normal.
Odeur : Appétissante.
Texture : Délicieuse.

Je vous tiens au courant demain pour les effets secondaires éventuels.
Si le test s’avère sans conséquence, je tente les trois mois de dépassement de péremption la prochaine fois.
Je veux savoir combien de temps ils peuvent les faire tenir, leurs yaourts aux conservateurs.

(Tiens, jouer avec les dates limites des aliments. Encore un truc qu’on n’a pas le droit de faire quand on est enceinte et non immunisée contre la pyroplas… toxo…spirose… Enfin, le truc qu’y faut pas attraper quoi. )

(Pourquoi je pense à ça moi ?)

Liberté confinée.

Des petits carrés, des petits carrés, je veux plein de petits carrés.
Ne plus battre de l’aile, ni tourner autour.
Laisser plein de courants d’air.
Entrer, sortir.
Des grands cubes.
C’est à l’intérieur que j’ai envie de voler.
Il y a des entraves qui rendent plus vivants que la grande liberté.
Des espaces qui nous confinent et me rendent le sourire.
Des chaînes qui nous attachent et nous affranchissent.
Le truc, c’est d’ apprendre à ne pas s’écraser contre les murs.

Infidèle

Je gribouille un soleil métallisé sur mon bureau
au crayon à papier
pendant qu’un sale corbeau français me regarde de haut
perché sur une antenne télé.

Aujourd’hui, malgré moi, c’est le temps du bilan
Les trucs qui s’imposent
les grandes décisions et ma stupéfaction
de constater que rien,
non, rien de rien,
je n’avance de rien.

A force de prendre peur devant tous les petits trucs,
j’en fabrique un gros, un énorme, de truc
Un énorme corbeau
et il me regarde de haut ce con
et je ne fais rien.
Parce que ça représente trop.
Parce que c’est beaucoup.
Parce que bordel, mais bordel, mais comment je vais faire.

Sordide reflet, quand je me regarde sous cet angle.

Répondre aux voeux. Et il y en a auxquels je tiens.
Beaucoup, même.
Mais trop.
Et pas assez, finalement.
Arrêter de couper les ponts.

Se résigner à dire aurevoir, d’un pas léger.
J’ai encore plein d’autres choses à voir,
plein d’autres gens à rencontrer,
plein d’autres vies à découvrir,
plein d’autres personnes à quitter.
Me laisser oublier.
Des sourires, des faux, des vrais, à les laisser partir.
Des amis à me laisser aimer.
Et le corbeau qui vient de s’envoler.

La fée supermarchée

La gamine s’accroche et se renfrogne,
elle campe sur ses talons et la mère sur son « non ! ».
Elle fait mine de se cramponner au bord des larmes et cède docilement à l’appel évident du caprice.
Elle commence à pleurer chaudement, puis énergiquement, puis frénétiquement pour enfin en arriver à pousser ses cris.
Et la mère, son caddie.

Après quelques minutes, admirative devant la patience parentale et la paire de gifles finale et scandaleuse dont le sifflement surprit l’attention outrée des passantes, je changeai de rayon et de menu pour ce soir, sous les hurlements insupportables de la gamine, cette petite fée des supermarchés.

Elle voudrait pouvoir en posséder tout le contenu
d’un coup de ses grands yeux bleus,
armée de son petit sourire dodu.
Elle ne parvient pour l’instant qu’à faire fuire tous les gens.
Mais elle s’entraîne, elle s’entraîne, malheureusement.
Elle travaille son cri perçant.
Et la mère, son revers.