Dix heures et demi, l’heure du crime… L’heure à laquelle je peux poser mon menton dans la paume de ma main gauche et m’endormir en cinq secondes derrière mon écran.
Je vais me méfier, aujourd’hui.

Se regarder

Apprendre à se regarder dans une glace.
Non, je n’ai pas dit simplement se regarder.
J’ai dit se regarder.
Nous sommes trois. Nous sommes des yeux, un corps, et soi.
Objet d’observation, beautés que l’on offre, beautés que l’on cache.
Défauts, aspérités, hontes secrètes et fruits sacrés.
Douceurs que l’on permet d’explorer, parfois, par des corps étrangers,
sous certaines conditions.
Attention, bien lire l’étiquette et prendre soin de l’emballage.

Douceurs qu’avant d’offrir, il faut savoir goûter.
Courbes délicieuses que l’on apprend à façonner,
avec tellement plus de facilité lorsque l’on accepte enfin,
de les aimer.

S’aimer. Dans toute sa nudité.
Oser découvrir ce que l’on est, vraiment.
Cette enveloppe que l’on apprendrait mieux à caresser, si seulement on osait la regarder
Droit dans les yeux.

S’aimer pour apprendre à aimer l’autre.
S’aimer pour accepter que l’autre puisse nous aimer.
S’aimer pour avoir confiance.
SE REGARDER.
Et cela ne m’empêchera pas de penser parfois que ce que j’aime le plus en moi,
c’est toi.

Apprendre à communiquer, avec soi-même,
Avant de se lancer dans les langues étrangères.

Merci, philograph, pour cette piqûre de rappel.

Kipone ouate ?

T’as une idée de ce que ça peut représenter, pour moi, de se barrer de là ?
Quitter ce boulot, cette maison, ce passé pour me retrouver où ?
Dans un présent de paillettes et de confettis, peut-être.
Qui passera l’aspirateur le lendemain pour tout nettoyer ?

Mal de tête m’a accompagnée ce matin.
Il est planqué derrière mon bureau, personne le voit.
Personne ne me voit non plus de toute façon, vu que je suis pas là.
A moins que ce soient les autres.

Bon, je sais pas si tu te rends vraiment compte de tout ça,
Mais moi non, en tout cas.
Tout ce que je sais, c’est que la vie continue, que parfois,
Je perds des couleurs en route.
J’espère que je saurai lever les drapeaux, si t’es pas là pour le faire.
J’aime pas la vie en noir et blanc.
Sans compter quelques papillons d’argent.

Week end cinéma…

Week end tellement riche, tellement intense… Je n’arrive pas à savoir si je suis revenue ou pas,tellement ma tête n’est toujours pas avec moi. Et pourtant, nous étions loin d’être en vacances.
Comme tous les moments trop importants, impossible de trouver les mots et de savoir par où commencer. Les apprentissages ne sont pas encore décantés. Les voilà, bruts.

Ce week end, un court métrage a été tourné. Ce week end, tout un film s’est joué. Une suite ininterrompue d’instants magiques. On pose une question dans le couloir, on se marre, et l’acteur nous répond dans la télé. Le petit truc fun du retour. Découverte de soi, découverte des autres, dans ces moments-là. Interactions, comportements adaptés, colères enfermées, amitiés… Une communication dans les gestes et les regards qui sauvera tout, qui renforcera tout le monde. Le professionnalisme de certains. Correspondance… Complémentarité. Les rouages étaient magnifiquement huilés.

Conduire dans Paris, pour la première fois. Prendre le rond-point de l’Etoile, vendredi, 17 heures. Se rappeler en vitesse, comme on fait dérouler sa vie parfois, tous les petits trucs importants que j’ai pu glaner, par ci, par là. Alors surtout, tu regardes droit devant toi et tu ne commences à ralentir que quand une voiture vachement plus grosse que la tienne entre dans ton champs de vision rapproché… Surtout, tu ne perds pas de vue le 4×4 que tu dois suivre si tu veux pas te perdre… Conduire à la parisienne, quoi… Voitures collées, faisant semblant de s’ignorer, conducteur qui sert les dents en priant Vishnallahdieu que personne n’ait la mauvaise idée de vouloir freiner. Et en tout cas, ça a marché ! Enfin, roulé, quoi… comme vous voulez.

Rires, complicité presque surprenante… Confiance salvatrice. Surveiller une place de parking. Pas n’importe laquelle. UNE place de parking. Bien précise. Ne vouloir qu’elle, pas une autre. Surveiller les allers et venus d’inconnus devant l’immeuble, guetter celui qui nous permettra de remplir une mission des plus chiantes et bien évidemment, quasi cruciale.

Commettre le plus énorme acte manqué dont je me souvienne. Oublier une des deux barres de toit, achetées spécialement pour l’occasion, montées tardivement la veille au soir. Je me garde les interprétations possibles. Veilleuse, poupoune, pas fière. Enfants sur sept générations maudits pré-natalement. Canal saint Martin pas très loin… Heureusement, une merveille pour me serrer dans ses bras, me calmer et bien que la pression soit au maximum, pas une seule des personnes présentes pour en rajouter une couche sur l’instant. Il faut trouver une solution, avancer malgré tout, se bouger en se serrant les coudes, pas se pousser dans les fossés quand y’en a un qui flanche.  » Y’a un bon dieu on dirait… ». Eh oui. Le bon dieu a inventé des galeries sur le toit d’une autre voiture.
Je crois que je vais encore en entendre parler pendant longtemps… Dieu propose des crédits avec des taux d’intérêt assez hallucinants, croyez-le ou pas.

Ménage nocturne, nettoyage silencieux, guettés par une emmerdeuse professionnelle, elle est même payée pour ça, mais à son goût pas assez. Une concierge chiante, quoi.
Léthargie euphorique, décompression devant une bière. Confidences tardives sur un passé presque récent… Peur de sa réaction, de ses plis au front…
Mais non.
C’est lui qui sourit. Moi qui pense. Lui qui me répond. Et moi qui me dit que vraiment, Lui j’l’aime.

Pisseuse immature, à mon âge… rhô…

Elle était pourtant chouette ma métaphore…

« Un chien, tu peux peut-être l’éduquer en lui foutant la gueule dans son pipi. Un être humain, tu pourras en espérer tout autant avec cette méthode, sauf que… Le chien arrêtera un jour de faire pipi sur le canapé. L’être humain viendra le faire sur ton oreiller. »

Peut-être un peu trop défécatoire pour ne point être vexante ? Je vous jure pourtant sur la tête de mes cheveux que jamais je ne suis allée faire pipi sur l’oreiller de qui que ce soit. Ou alors, vraiment, je m’en souviens pas.
Juste que j’aime pas quand on essaye de me coller la tête dans mes erreurs. Que ça n’a jamais servi à rien. Et que ça finit souvent bien connement.

La preuve

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Ploum ploum tralala vivement la fin de la journée fumer une cigarette j’en ai marre ce putain de dossier me gonfle travailler pour faire de la merde plutôt glander oui je préfère à un truc inutile qui servira à personne jamais ouvert jamais utilisé jamais mis à jour et ça fait des mois de retard que j’ai sur ce projet ce seul projet au final c’est lui c’est ce putain de projet qui me bouffe toute ma motivation je suis obligée de lutter à chaque instant pour pas m’énerver et pas fermer le document le rouvrir et continuer de rentrer les données ligne après ligne alors que y’a pas d’ordre que tout est désorganisé les rubriques mauvaises les titres mal choisis les informations dans deux mois fausses et moi je lutte je t’assure je te promets que je lutte mais là j’ai trop besoin de mettre ma tête ailleurs que devant ce clavier et cet écran même s’il est vachement chouette mon nouvel écran plat dix neuf pouces qui grésille plus que je peux tourner quand je veux sans s’éteindre tout seul mais là non non non vraiment meme devant mon bel écran j’en peux plus de concentrer mon attention sur ce putain de projet qu’est mal fait qui pue du cul qu’est pas beau inutile méchant moche et dévastateur pour mon moral ainsi que pour mon niveau intellectuel alors pour me défouler un peu je joue les artistes je dessine des croutes j’ai envie de manger du fromage faut que j’aille faire les courses j’ai plus de chocolat voilà voilà vous voyez bien que tout cela menait quelque part.
O bordel je suis crevée de rien foutre.

encore une intersection. Une putain d’intersection.

Alors alors alors…
Qu’est -ce que j’ai dans ma main gauche ?
Un loyer, ok.
Une coloc qui se barre, ok.
Un boulot, ok.
Qui m’emmerde, mais dans lequel je me suis engagée…
Un grand trou noir, quand j’essaye de poser à plat tout ça, et que je sais même pas dans quel ordre le mettre.
Bon.
Main droite.
Fermée.
Je sais pas ce qu’il ya dedans.
Je sais pas si elle vide.
Je sais pas si y’a des trésors, planqués.
J’en sais rien.
Rester. Comment ? Jusqu’à quand ? Avec qui ?
Partir. Où ? Quand ? Comment ? Avec qui ?
Bon.
Voilà.
C’est à peu près là que j’en suis, aujourd’hui.

Je pense à la simplicité de certaines rencontres. A la grandeur, à la force, innée. Aux enfants, qui arrivent, pile à l’heure. Livrés sur commande par une cigogne, c’est pas concevable autrement. Aux chemins bien lisses, bien goudronnés.
Et y’en a qui ne partaient pas avec moins de handicap que moi, pourtant.
Comment j’ai fait pour me retrouver dans un bordel pareil ? Dites.

Pour une fois, là, j’ai le sentiment de m’être perdue. Moi qui me sens reconfortée par la simple vue d’une carte routière. J’aimerais bien en trouver une avec mon chemin tracé dessus. Parce que là, vraiment…

Et si en plus, le brouillard se levait ?