Pluie sur la route du retour.

Un bébé avec sa bavette autour du cou.
Sur une chaise haute.
Les adultes attentionnés précautionneux
Attroupés autour.

Souvenir d’avoir été « bébé » dans une autre vie.
Pas si loin. Tellement caché.
Amas de bouts de vie, péripéties, catastrophes,
atrophies du vécu sclérosant.

Dans quelle autre vie était-ce ?
Que me reste-t’il encore, au compteur des 7 vies du chat,
que je ne suis pas ?

Maman va bien. Maman va mieux.
Maman a arreté de prendre ses médicaments.
Une joie.
Puis, au fond de l’éprouvette des quelques heures passées là,
les sédiments se posent.
C’est avec ce qui reste en surface que je m’enfuis de ce lieu que je déteste tant.
De tant l’aimer.
La haine. La colère. Le mépris. Les mensonges à ciel ouvert.
Les larmes s’accrochent au bord des paupières et le visage se crispe.
Fuir. Vite, vite, avant de devoir dire pourquoi…
Trop tard.
Tu me fais chier, maman.
Vous me faites chier tous les deux.
Arrête tes conneries.
Voilà ce que j’ai laissé, comme je suis partie.

Peu de pourquoi, ma soeur connaît les réponses.
Maman, en pleine forme, porte sur elle les raisons de l’échec de sa vie.
Maman a échoué.
Maman n’est plus.
Maman ne reviendra pas.
Maman, dans toute sa mauvaise foi.
Maman qui me ment, maman qui aimerait une autre vie, qu’elle n’aura pas.
Maman qui s’énerve contre papa.
Papa qui redevient celui d’autrefois.
Celui que maman n’aime pas.
Celui auquel j’aurais voulu gueuler qu’on ne crache pas au visage de ceux qui nous ont aidés, quand tout était au plus bas.
Papa le martyre de la société. Papa la victime de ceux qui ne travaillent pas autant que lui.
Papa le jaloux de ceux qui ont un compte en banque plus rempli que le sien.

Je les ai détestés. Profondément.
De me faire vivre ça, en quelques heures.
Après cinq cent kilomètres. Et plus de cinq mois.

J’ai trouvé des réponses.
Qui ne me plaisent pas.
Notamment que les rêves ont un prix.
Celui d’abandonner ceux qui ne savent pas les faire briller.

5 réflexions sur “Pluie sur la route du retour.

  1. lui dit :

    je crois que je n’ai pas besoin de te le dire …

  2. plancton dit :

    Oh que si… quoi que ce soit ! Si tu n’as pas besoin de le dire, sache que la personne en face de toi a toujours besoin de l’entendre.

  3. salconmisanthrope dit :

    … C’est la réponse qui emporte. Mais elle est parfois acquise dans la douleur…
    Je t’embrasse.

  4. maxy_vince dit :

    On choisit pas ses parents, on choisit pas sa famille…
    (ce n’est pas de moi).

  5. belleselajoue dit :

    waouhhhhhhhhhh je repasserai

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.