Quand l’un parle, l’autre se tait.

Et quand la page blanche répond au flot de colère,
Quand les mots, impuissants, n’atteignent que la tête,
Tandis que le coeur, cet organe inerte,
Se cache derrière son rempart de fadeur…

Les mots regardent, consternés et se taisent.
Heureux d’avoir mené leur combat de survie.
La page blanche est là, devant eux.
Et ils hésiteront toujours à aller la salir.

Sauf que la page blanche est dans le camp ennemi.

Bêche et pioche et coup de marteau.

Tu m’fais chier à plus être là.
Tu m’déçois.
Les promesses effacées d’un coup de téléphone.
Les sourires rayés par la grimace qui suit.
On n’ira plus danser, je le sais bien.
On n’ira plus danser.
Je le sais bien que c’est la fin.
A part se perdre, où peut-on aller maintenant ?
A part sur nos chemins si différents.
Je serai pas papillon.
Ou peut-être que si.
Mais tu verras surement pas mes ailes.
D’espoirs tordus en éclats d’absolu,
Y’a plus de labyrinthe. Plus rien à explorer.
Ce qui viendra maintenant ne sera que résidu.
On n’a pas réussi. Et on ne fera jamais mieux.
Parce que c’est trop difficile de transformer.
Faire comme si j’étais capable.
Mais je ne le suis pas.
Ce n’est pas qu’une part de toi qui me manque,
C’est toi tout entier.
Et ça, je l’aurai plus jamais.
Alors je laisse ma raison guider mes mots.
Je la laisse prendre le contrôle et faire son saccage.
Je te perds, je perds un peu de moi.
Alors détruisons tout.
Mettons tout cela sur un gros tas,
faisons tout cramer.
Je pense à l’herbe verte qui bientôt repoussera.
Sur deux continents différents.
Pour ne pas voir ce qu’il ya, de l’autre côté de l’océan.
Dresser des barrières, faire lever une montagne.
Je pense à mon paysage. A mon jardin.
A ce qui poussera dedans, quand j’aurai arrêté de le piétiner en pensant à toi.
Ce sera surement beau. N’est -ce pas ?

J’ai envie de me mettre en grève des sentiments.
Je cherche simplement le bureau du syndicat.
J’y arrive pas.
Quelle belle bande de lâches nous formons, quand même.
Je nous déteste de ne plus croire en rien de beau.
Je nous méprise de ne pas savoir nous relever.
D’attendre, tout le temps.
Soit de ne pas tomber. Soit de grimper sur le dos de quelqu’un pour remonter.
Et puis de toute façon, j’ai pas le rythme ni le son des mots que j’écris. J’écoute de la musique qui va pas du tout avec. Et c’est tant mieux comme ça.
Je gribouille une page blanche. Je vide mon sac à coeur.
Le sac à main, le voleur y plonge la sienne.
Le sac à coeur, le connard y perd le mien.

Ce post se conclue sur un magnifique dessin intitulé « Tu me manques rayé rouge avec un truc mort sous un éclair », que vous n’aurez sans doute jamais la chance de contempler puisque toutes mes oeuvres d’art sont détectées par big brother et automatiquement supprimées de l’espace virtuel universel afin de ne pas nuire à l’image de marque humaine auprès de nos amis vénusiens.

Vous m’en voyez toute confute.

Plancton au restaurant

« Le serveur : -Et comme boisson, vous prendrez quoi madame ?
Plancton pensive : – Euh… Vous avez quoi comme jus de fruits ?
Le serveur : – Orange, abricot, pomme, raisin, banane, fraise s’il m’en reste …
Plancton trépignante et plus vive que l’éclaire : -Fraise !!! Fraise !!!
Le serveur dépité mais souriant : – … S’il m’en reste ! Et si je n’en ai plus ?
Plancton sèche et vexée à l’idée d’être privée de son jus de fraise : – Banane. »
Plancton lance gentiment au serveur qui s’éloigne : « Mais c’est pas une insulte, hein… »

Demain, ou un autre jour, l’histoire de plancton dans un magazin de porcelaine.

Ô Liberté chérie et blablabla

La vie est quand même vachement plus facile, comme ça, non ?
Au lieu de me prendre le choux pour écrire ce courrier professionnel sensé être bouclé depuis trois heures, je fuis lâchement mes obligations pour aller me prendre un meilleur choux et écrire ici, ou là, ou ailleurs.
C’est drôlement facile de vivre.
Suffit de choisir la voie la plus simple.
Ne pas faire ce que l’on est obligé de faire.
Ne penser qu’à ce qui nous plaît.
Renoncer à subir une minute de plus les inconvénients.
Ne plus vivre que ce qui nous plaît.
Eloigner tous les efforts que l’on nous demande.
Chasser au loin tous ceux qui oseraient nous en imposer.
Etre libre. Sans contrainte, sans barrière.
Rien qu’avec du plaisir.
Rien qu’avec les activités que l’on aime.
Rien qu’avec le bonheur d’être soi, de ne penser qu’à soi, de ne vivre que pour soi.
Libre, enfin.
Affranchi des rapports à rapporter, des lettres à taper, des organismes à contacter, mais aussi de la cravate à porter, de la jupe à repasser, des chaussures à cirer, des cheveux à coiffer, de la gueule à maquiller, de la table à dresser, du repas à cuisiner, du réveil à sonner, du bébé à changer, de la couette à laver, de la fille à aimer ou du garçon à rendre fier.

Pensez une seconde que je puisse avoir raison.
Vous serez libre d’être le roi des cons.

(Et faites gaffe, y’a foule de concurrents)

Peut mieux faire.

Le premier et le dernier baiser.
D’une simple année, toute ronde, séparés.
C’est sûrement ceux qu’il ya eu au milieu
Dont je me souviendrai le mieux.

Une année qui m’a remise sur pieds.
Une année qui m’a rendu l’envie d’avancer.
Une année à se donner de la joie, beaucoup.
Une année de bonheur…

Tout est dans les trois petits points.
Ceux -là qui disent qu’il faut aller plus loin.
Que ni lui, ni moi, n’arrivons à nous contenter
Des concessions nécessaires
Des incomplétudes certaines
tentées, colmatées par deux coeurs
Qui ont déjà trop été abimés.
(Quel coeur ne se considère pas comme tel ?)

Penser à soi…
Jusqu’à quand ça peut durer, ce petit cinéma ?
Quand arrivera-t’on à se tenir en équilibre sur nos fils ?

Il a été décrété que papillon je deviendrai.
Qu’un jour, j’ouvrirai mes ailes.
J’ai beau y réfléchir, je ne sais toujours pas sur quelle loi
Ce décret est censé se reposer.

Peut-être que cela aura un sens un jour.
En attendant, sachez que je ne suis donc qu’une pauvre chrysalide.
Une ébauche, un projet.
Les amateurs de grands travaux y trouveront leur compte.
Bricoleurs charcutiers s’abstenir.

Je crois bien, en tout cas, que ce que l’on suppose de moi,
C’est que j’arrive toute seule à sortir de mon cocon.
J’ai des choses à prouver au monde.
Et le monde m’attend.

Mon dieu, que j’ai horreur de ça.
Si j’ai des choses à prouver à quelqu’un,
Ce n’est qu’à moi-même.

La vie a fait de moi une personne qui ne trouve jamais sa place.
Une personne à qui l’on donne, à qui l’on reprend.
Une ermite. Une errante. En quête des Grandes Réponses.

Incapable de détester un homme capable d’offrir tant de joie.
Incapable de se fermer complétement à l’éventualité
Que le monde ait raison.
Que j’aie tort de songer à m’obstiner dans une direction.

Au fond, tout au fond de moi…
Je sais bien que personne n’a foncièrement raison,
Que tout le monde a ses torts.
Que toute certitude est ennemie de la Bonne Direction.

Alors, je dis aurevoir.
A ce qui a été, à ce qui aurait pu être. Si.
Je t’embrasse sur le front.
Le coeur bien empêtré de n’avoir aucune raison de te détester.
Je vais dire bonjour à ce qui m’attend,
A ce que je vais repartir chercher.
Bonjour à ce que je dois construire, de mon côté.
Bonjour à la Vie, tout simplement.

Et des tas de petits points à remplir…

Et s’envoler pour d’autres rêves.

Tirer les pages et tourner la ligne.
Renversement des machines.
Pas si terrible que ça, suffit de suivre le mouvement.
Toutes les impulsions données à contre-courant.
Me passer de lui, me passer de toi
Ne plus penser qu’à moi.
Faire comme n’importe quel bon égoïste qui se respecte.
Rejeter le bon, comme le mauvais.
Bébé va partir avec l’eau du bain.
C’est certain.
Je le comprends bien, le cheminement.
Refuser de recroiser son regard.
De peur de ne plus voir
Que celui d’un connard.
Un quidam, un banal.
Un de plus sur le chemin.
Un mec qu’il n’est pas.
Un mec né de notre besoin.
Rassurant.
Un de plus qui ne nous mérite pas.
Un de plus qui ne sait pas.
Fadeur de la colère, devenue si naturelle.
Sans poivre, sans sel.
Juste quelques gouttes de concentré.
Pas le choix.
Quand on veut tirer une ligne
Sur une page à haute tension.

Syndrôme du Tambourin.

Comme si j’étais déjà loin.
Depuis longtemps.
Comme si plus rien n’avait d’importance.
Plus personne.
Sauf moi.
Etat de fait. Conséquence du vécu.
Et je me déteste de ne plus savoir avoir mal.
Je trouve répugnant d’avoir réussi ce que l’on attendait de moi.
Je ne suis pas faite pour être transformée.
Juste transportée.

J’veux plus grandir.

Pour Mme K.

Bonjour dieu,
Je voudrais pas faire du prosélytisme pour les tarés de la secte qui prône l’extinction de la race humaine.
Mais en même temps, je me dis que la Terre et ses habitants se porteraient vachement mieux sans la présence du prédateur des prédateurs déguisé en loup qui joue les chèvres et qui me rend dingue.
L’homme. La femme. Les petits nenfants qui se lancent des cailloux dans la gueule. L’humain.
Mais bon, je te glisse ça à l’oreille parce qu’on est entre nous, mais après t’en fais ce que t’en veux hein.
Tiens, d’ailleurs, je montre l’exemple.
Si dans dix ans j’ai pas trouvé de sens à ma vie autre que celui de mettre des fleurs sur mon balcon et penser à mon petit cul et mes petites miches et ma petite vie à la con, laisse moi crever, tu seras gentil.
J’ai rien à foutre sur cette planète si vraiment le seul but, c’est de penser à soi.
Je sais , je sais , je suis en pleine contradiction puisque je prêche le contraire à plein de gens pour leur redonner espoir. Et le pire, c’est que j’y crois quand je leur dis. J’y crois aussi fort que quand je te dis là maintenant, à toi, qu’une vie rien que pour soi, ça sert à rien.
Non vraiment. Je vois pas l’intérêt de continuer à vivre quand ce n’est que pour soi même.
Le problème, c’est que je n’ai personne à rendre heureux.
Pardon, c’est pas vraiment ça en fait… Plus précisément, il n’y a personne sur cette planète qui ait besoin de moi pour être heureux.
Faut savoir se rendre irremplaçable ? C’est ça ?
Faudrait d’abord que je me sente irremplaçable, mais ce n’est pas le cas.
A part pour ma propre personne et ma propre vie. Et peut-être celle de mon chat. Et encore.
Mais alors on se met encore à tourner en rond et à produire un surplus de chaleur et un déménagement de poussière inutile.

Est-ce que tu crois que je devrais partir au Rwanda, tu crois ?
Est-ce que tu crois que j’en aurais le courage ?
Est-ce que tu crois que je saurais faire le sacrifice de ma vie pour enfin pouvoir lui donner un but ?
Remarque, je te demande si tu crois que , mais tu t’en fous de croire, toi.
C’est un problème humainement humain.
Point barre.

J’ai beaucoup pensé à toi ces jours-ci. Tu sais, pour Mme K.
Elle était belle Mme K. Elle était de ce bel âge de ces belles femmes qui ont l’air de savoir comment vieillir mieux que les autres. Elle avait des enfants, Mme K. Et pffiout ! Elle est partie.
Je pense beaucoup à elle. Et je ne peux m’empecher de croire… de penser à toi.
Prends soin d’elle, tu veux ?

Prends soin de moi aussi un peu. J’en ai un peu besoin.
J’ai bientôt trente ans. Mes projets me semblent vains et inutiles. Et je n’arrive pas à trouver le bon sens.
C’est tout. ça se résume parfois à ça, une vie.