L’Enfouineuse barbouttée monogote.

Je serai une bonne documentaliste le jour où j’arriverai à retrouver sur Internet un site dont j’ignore tout et dont j’essaye de deviner ce qui peut bien être écrit dedans.
Il faudrait que je m’y fasse… je suis une joueuse dilettante par excellence. ça passe, ça lasse, ça casse.
Et rien n’a jamais été vraiment important, puisqu’on se ment, tout le temps. Toi et moi. Nous. La fleur. Le chat.
Je recherche ça comme on joue au loto, en se disant, cette fois, ça y est, j’ai bon ! J’y suis !
Et arrivé au 8ème onglet de google, j’en ai marre, je referme.
Mais peut-être que la réponse à ce que je cherche est dans le 21ème, j’en sais rien.
Je m’en fous. Peu importe.
Ai-je les bons mots ? Ai-je les bonnes clés ?
Je suis obsédée par ce défi. Environ 13 minutes 26 secondes par intermittence tous les 3 jours.
Une chose qui ne me regarde pas. Une chose qui ne me regarde plus. Et c’est bien pour ça, je crois.
Curiosité maladive, en pics. Besoin de se faire mal, avec l’aiguille. Besoin de savoir si on est capable, encore, d’en souffrir vraiment.
Puisque c’est la seule chose qui ne sera jamais rien qu’à moi.
ça m’amuse et me désespère. Quel statut déprimant pour une fille qui est censée être heureuse.
ça m’énerve et m’en fous. Et puis merde, m’enfin ! N’m’alors ? T’es encore là à te questionner ?
Tu perds ton temps. Tu perds ton temps. Tu perds ton temps.
Et je perds le mien à m’en rendre compte publiquement.
Moralité judéo-chrétienne, désolée. C’est comme ça. Chacun cherche son âme.
Viens par là, mon petit, entrons à confesse.
Achevez-moi. Donnez-moi la solution.
Mais surtout, ne me donnez pas les moyens de la trouver.
J’en ai marre, d’avoir tout le temps raison.

Je perds trop de temps à n’être fidèle qu’à des personnes qui sont uniques à mon coeur, à mes yeux.
Rares. Précieuses. Longues à trouver. Souvent trop difficile à garder.
Mais sans doute en perdrais-je encore plus à ne pas me respecter.

Pourquoi faut-il que tout soit si lâche… si fuyant ?

Quelques larmes de tristesse dans ce monde de pluie

C’est parfois pas bien compliqué le bonheur.
C’est souvent quelque part dans nos rêves, caché dans nos envies.
Blessé, meurtri, il se cache loin de notre réalité.
Là où nous ne sommes pas, de peur qu’on le brise encore.
Je sais où il est mon bonheur ce soir.
Il est dans cette personne qui n’est pas là, qui n’existe peut-être pas,
et qui me prendrait simplement dans ses bras en se foutant de ma gueule
d’être en larmes pendant le générique de fin de A.I..
Petit morceau de passé, savoureux mélange de vécu.
Que garder, que chercher, que faire pour mon « à vivre » ?

Mon Ave, mon Pater, mon Salut, ma dernière Foi.

Ce n’est pas parce qu’on n’existe plus pour quelqu’un qui vous faisait sentir exister que l’on n’existe plus vraiment.
Il faudrait arriver à s’en convaincre pour pouvoir survivre à tout ça.
L’ombre, la chaîne du passé. Le fantôme qui rôde. Un être mort dans un ailleurs révolu, refermé. Bloqué les verrous. Perdu la clé.
Est-ce donc pour cela que je me suis sentie tellement décédée ?
Suis-je devenue une vieille empreinte morbide dont on cherche absolument à se débarasser ?
Moi qui voulait me sentir en vie, voilà que l’on cherche à me déguiser en morte.
Il va faloir se séparer. Elle et moi.
Fermer la porte. Boucher les serrures. Perdre les clés. Oublier un peu qui je suis, en asphyxiant celle que j’ai été.

Est-ce que je me force à chanter dans la salle de bain le matin ?
Est-ce que c’est vraiment vrai, pour de vrai, ce beau leurre…
Je suis morte hier soir. D’un cancer du bonheur.
D’une apoplexie de la vie, d’un déchirement du coeur.
Je suis morte de solitude égoïste, au fond de mon lit.
J’avais pas mon chat. Et j’étais complètement vide.
Dans mon grand lit plein.
J’ai froid dans mon bras, peur dans mon pied.
Mal dans mon pull et la sueur qui fait couler mes yeux.
J’me regarde, j’me trouve belle.
Au moins jolie.
Je m’aime bien. C’est déjà ça.
J’me trouve sympa comme fille. J’aimerais bien qu’on devienne copines.
Qu’on se tienne compagnie.
Qu’on se soigne les plaies du bonheur. Les crevasses du coeur.
Qu’on danse toutes les deux. Puisque y’a plus que nous,
dans ma vie.

Non mais merde alors.

Après avoir écouté cette personne pendant une heure, l’oreille douloureuse accrochée au téléphone…
« Vous faites un métier génial ».
La voilà, ma récompense. La voilà, ma passion. Ce n’est pas le petit coup de paumade qui m’importe. C’est son pourquoi. C’est le sourire dans la voix de cette personne en raccrochant, cette personne complètement perdue dans le dédale des questions.
C’est avoir su être là. Et avoir su quoi dire. Avoir su quoi ne pas dire. Avoir su écouter. Avoir su être présente dans l’absence de solutions miracles et de réponses idéales.

J’aurais beau dire tout ce que je veux, putain que je l’aime ce boulot. Et je n’ai pas de raison de ne pas en être fière.

Mais putain que je suis crevée. Et il n’est qu’onze heures du mat…

Et ça la fait sourire, aussi

Elle se dit qu’elle l’aime.
Et que ce n’est pas grave.
Elle se dit qu’ils ont raison.
Qu’il est merveilleux et doux
Aussi.
Et que ce n’est pas important
Si elle n’est pas là pour le voir.
Qu’il est beau de tous ses défauts
Riche de toutes ses qualités.
Que ça n’a rien de déprimant.
Que la vie, elle est comme ça.
Qu’elle même, elle ne change pas vraiment.
Que lui, il est désespérant.
Et ça la fait sourire.
Jusqu’au prochain creux de rage.
Qu’il vienne, qu’il ne vienne pas.
ça ne compte pas.
Parce qu’il vit.
Et elle aussi.
Ils sont là.
Tous les deux
Séparés par leurs questions
Et par la distance.
Ancrés dans l’envie d’être heureux.
Seul, ou à deux.
C’est pas grave, tout ça.
Elle le trouve merveilleux.
Ce crétin qu’a du caca dans la tête.
Et c’est bien assez doux comme ça.

Bourvilisme

Je trouve très étrange cette récurrence de certaines personnes, à des moments clés de nos vies.
Cette présence, inattendue mais sans surprise. Fatale et risible.
Je lui en veux même pas d’être là. Elle est. Elle suit son chemin.
Et lui, pauvre petit lapin aveuglé par le destin.
Réalité, éteinds tes phares ! Tu m’éblouis, je vois plus la route.
Et tu te cognes, contre tous les trottoirs, tous les arbres.
Tu t’étourdis, tu repars et redémarre avec comme bosse, un petit coup de cafard.
Tu vois pas où tu vas, tu vois pas qu’elle est là.
Tu vois pas ce qu’elle représente à tes propres yeux.
La lumière…
La dose de lumière, le phare, le spot, le spliff, l’euphorie.
La vie.
Celle qui ne se partage pas. Qui ne donne pas. Qui ne prend surtout pas.
Celle qui ne t’appartient pas.
Et c’est bien pour ça que tu veux en voler un morceau.
Ferme les paupières, et regarde.
Regarde par quoi tu es attiré. Enfin.

Parle moi encore d’amour.
Toi qui sais encore moins que moi ce que cela signifie.
Parle moi encore de beauté.
Toi qui barbouille de noir les couleurs de la vie.
Parle moi encore de ton manque de moi.
Que je t’arrache un oeil.

Dites, ça compte quand c’est juste par écrit ? ça compte quand ça existe pas vraiment ? ça compte quand on le fait pas avec ses mains ?

Oui, ça compte. ça compte beaucoup. Parce qu’on en a très envie.
Que ce soit d’un baiser, d’une caresse, ou d’un gnon dans la gueule.
C’est pas du semblant, c’est de l’évacuation.
C’est apprendre à gérer ses pulsions.
Devenir grand.
Savoir reconnaître et mettre le doigt sur certains petits détails de la vie, qui demandent une petite part de réflexion.
Par exemple, aujourd’hui, je passe mes nerfs sur quelqu’un qui n’en mérite pas tant.
Parce qu’au fond, c’est pas à lui que j’en veux, c’est à moi.
Je m’en veux d’avoir voulu jouer les Indiana Jones de la vie.
D’avoir pris les problèmes pour des défis.
D’avoir toujours foncé droit devant en me disant « Advienne que pourra ».
Voilà, dire ça, c’est mettre le doigt sur un de ces petits détails de la vie.
Les emmerdes, en somme.
Les soucis. Les hommes. Appelle les comme tu veux. Les cons, les connes, aussi.

Pour conclure, puisque je sais très bien là où je veux en venir mais que toi, non, ou bien oui, ou bien peut-être :
« Le dire, c’est bien. Mais le faire, c’est mieux !! »

Les souliers verts

Les yeux lisent. Le sang afflue. Remonte, lentement. Dans la poitrine, ça cogne fort. ça s’agite et ça palpite. Dans la gorge. Y’a un truc qui tape violemment, qui essaie de sortir… Montée fulgurante dans les tempes.
Se calmer… ne pas songer à son air innocent. A son mensonge éhonté. Heureusement que j’avais réussi à te faire cracher un petit morceau, hein. Heureusement que je viens pas de tout réaliser d’un seul coup. J’aurais la tête en bouillie et je serais bonne pour le malaise vagal, les papillons devant les yeux et …. ha mais oui, j’ai déjà les fourmis dans les doigts.
Heureusement que t’as la chance de pas être en face de moi, maintenant, là…

Le seul truc qui réussisse à me faire sourire, c’est la chanson qui vient de me bondir à l’esprit, en relisant ces mots, en pensant à cet innocent objet trouvé dans ta salle de bain… « Ha mais, vraiment, je vois pas du tout à qui ça peut être. Non non non. Ah que non. Du tout du tout. »
Les souliers Verts, de Linda Lemay… Dédiée à tous ces mauvais comédiens de la vie qui nous prennent vraiment pour des grosses truffes.

Ça faisait deux petits mois d’amour
Qu’on s’connaissait
Pas un seul accroc dans l’parcours
C’était parfait
On a fini par s’faire l’amour
On a choisi notre moment
On était mûrs, on était sûrs
De nos moindre petits sentiments
J’étais sceptique, j’étais peureuse
T’as mis deux mois
À remettre ma confiance boiteuse
En bon état
J’avais baissé mon bouclier
Cessé de nous prédire une guerre
J’étais en train d’emménager
Lorsque j’ai vu… les souliers verts
Des souliers verts à talons hauts
Dans l’garde-robe
Une paire de souliers verts
Aussi suspects qu’ignobles
J’les ai r’gardés droit dans les semelles
Quand ils m’ont sauté dans la face
Et ça puait la maudite femelle
Qui a dû les porter rien qu’en masse
Et ce fut un interminable face-à-face
C’était entre moi et la vieille paire de godasses
Et j’ai vu ma vie défiler
Devant mes yeux déconcertés
Et j’ai senti la sueur couler
Le long d’ma tempe …
Ça faisait deux petits mois d’amour
Qu’on s’connaissait
Fallait voir ça la belle petite cour
Que tu m’faisais
J’avais cessé d’me protéger
Depuis le cœur jusqu’à la chair
J’me sentais en sécurité
Jusqu’à ce que j’voie… les souliers verts !
Des souliers verts à talons hauts
Sur la tablette
Une paire de souliers verts de femme
Ou de tapette
J’les ai r’gardés droit dans les semelles
Dieux merci, c’tait pas ta pointure
J’suis allée m’mettre des gants vaisselle
Pour m’emparer d’ces petites ordures
Quand j’suis arrivée dans la chambre
En t’les montrant
T’étais comme un caméléon sur le lit blanc
Je t’ai demandé à qui c’était
J’peux pas croire que t’as bredouillé
Exactement ce que j’craignais
Que t’en avais aucune idée
Que t’étais le premier surpris
Qu’t’avais jamais vu ça avant
Au grand jamais, jamais d’la vie
Non… sincèrement !!
…Ben oui ça pousse des souliers verts
C’est comme une sorte de champignon
Une sorte de quenouille ou d’fougère
Ça devait être humide dans ta maison
C’est parfaitement compréhensible
Qu’ça apparaisse des souliers verts
J’pense même qu’y en a des comestibles
Mais eux, ils poussent dans l’frigidaire
C’est sûr qu’j’ai pas à m’inquiéter
Des petites chaussures de rien du tout
Le petit modèle de fin de soirée
Pour dames à quatre pattes ou à genoux
Qui sait si c’est pas l’Saint-Esprit
Qui est venu t’octroyer des souliers
C’comme les brassières en dessous du lit
Qui poussent chez d’autres « miraculés »
Bien sûr !
Ça faisait deux petits mois d’amour
Qu’on s’connaissait
J’allais quand même pas laisser ça
Nous séparer
Mais si tu veux bien mon amour
J’vais me permettre un commentaire
Pour toutes les jeunes filles au cœur lourd
Qui ont rencontré des souliers verts
Allez chercher vos gants d’vaisselle
Puis jetez-moi ça à la poubelle
Vous saurez pas l’fond d’l’histoire
Puis c’est p’t’être mieux de n’pas l’savoir !
Fermez vos yeux petites brebis
Vous irez droit au paradis
Le ciel est rempli de petits anges
Qui ont jeté des souliers aux vidanges
Et puis j’vous parie qu’en enfer
Dans la basse-cour du vieux Satan
Y a pleins de poules en souliers verts
Et y a plein d’maris innocents
Qui n’les ont jamais vues avant
Non… sincèrement !!!
Bien sûr… !