Les instants de totale schyzophrénie où je me regarde être. ça me donne le vertige. Le même que quand je mange une glace trop froide, le black out qui part derrière les yeux et qui remonte dans le haut du crâne. Le vertige se colle par dessus les tremblements. Les tremblements par-dessus les frissons. Les frissons par-dessus l’envie qui cogne… bambam…bambam… Frapper l’air pour le chasser de ce qu’il nous sépare, le punir de la place qu’il ne prend pas…
Le presto de l’Ete de Vivaldi sort de ma tête et me revient dans la peau.
Les instants sublimes de la séparation pour de faux, où je m’observe en train de vivre. Je me demande d’ailleurs si c’est du voyeurisme primaire ou de la Contemplation romantique. Je me demande aussi si j’y crois vraiment à ce que je vois, parfois, tellement c’est beau face à mes mois. La petite chose sur l’instantané, là, c’est toi. Instantané volatile qui n’a pas le temps de se figer, si ce n’est dans l’air, révélateur de particules entêtantes.
Je nous contemple en train d’exister, corps unique achevé séparé qui laisse l’air divaguer, reprendre la place.
Avouons-le. Les esprits aiment aussi prendre leur pied.

Entre alpha et omega

Un soleil levant de fin du monde se reflète en triple exemplaire dans mes rétroviseurs.
Ce matin, je file à l’ouest.
Pardon, j’ai menti.
Il ne se réflétait qu’en double, parce que mon rétro droit a un penchant pour le bitume.
J’ai menti.
J’ai exagéré.
J’ai kitschisé, rendu plus beau, dans l’effet de mon souvenir. Maquillé, déguisé, frelaté.
Reflet frelaté.
Comme quand on essaye d’aller mieux en se trouvant pas trop moche aujourd’hui dis donc devant une glace.
J’vais chez H. J’vais chez G. J’vais pas bien.
J’ai pas envie d’écrire ça là, c’est pas la place des mots.
Quand justement, ce ne sont pas les mots, mais ce qu’il représentent, qui importe.

J’vais en creux au fond d’la boule qui m’fait gicler le sang dans les veines.
Grand osselé et petit brin de nerfs. J’vous aime quoi.
Il pleut dehors. Le soleil levant s’est noyé au cours de la journée et personne n’a appelé les pompiers pour lui.
Tout le monde s’en fout, on dirait.
Et moi, je fais comme les autres.
Sale petite moutonne va.

amour.
AMOUR.
A.M.O.U.R.
aèmohuère.
A aime haut hue ère
Ha ! Aime haut ! Hu ! Ere !
Ha j’aime l’eau du nerf ?

Yann Moix me hante.
A être aimé, on meurt trop tôt.
A ne pas être aimé, on meurt trop vite.
Mais écrit par lui, ça a quand même une autre gueule.
C’est bien quand même, d’être au moins beau. Quand de toute façon, on est déprimant.

Edit (un effort notoire de ma part, mais y’a pas de raison que je sois toute seule à tomber, et j’en profite pour corriger l’interversion d’au-dessus. Scusez mais je suis en attente de ma carte officielle de poisson rouge) :
« Les femmes qui ne nous aiment pas sont autant de guerres inutiles dans lesquelles nous nous lançons pour mourir plus vite, car les femmes sont des accélérateurs. Soit elles accélèrent la vie, quand elles nous aiment, et nous mourons plus tôt. Soit elles accélèrent la mort, quand elles ne nous aiment pas, et nous mourons plus vite. » in Anissa Corto / Yann Moix.

La main qui te marchait sur le pied

Ma voiture et moi, on a besoin d’une vidange.
Elle a de l’huile crasseuse dans les artères, du mal à démarrer le matin.
J’ai des points d’interrogation qui m’obstruent les aérations, le moteur fatigué, les bougies faibles.
Une pellicule de questions épaisses qui empêche l’air de circuler correctement.
Oxygénation.
Après avoir remué la crasse au fond des tuyaux, penser à aller danser une valse en se marchant sur les pieds.
Qui je suis, derrière le miroir ? Qui je suis, sans mes points de repère ? Qui je suis, quand je ne sais pas qui tu es, toi ?
Perdition.
Toutes ces choses que je ne sais pas, toutes ces choses qui me font peur, à l’intérieur. Ces zones cachées sur lesquelles souvent, trop souvent, je jette un regard à la lumière d’une torche. Ma cartographie en construction.
J’ai appris beaucoup. Ce n’est pas assez.
Libération.
Laisser la joie prendre la tête du cortège et l’envie par la main.
Tout ira bien.
Alice est bien arrivée de l’autre côté du miroir.

Chemin faisant…

La petite planète et la fantôme sont en pleine révolution.
Je cherche depuis tout à l’heure des mots, de simples mots, pour clore le débat.
Un débat non débattu qui s’est bâti au fil des mois, d’émois et d’ébats.
De toi, de moi, aucun abattu.
Pas d’abats au milieu de la rue, pas de tripes béantes répandues mises à bas.
Tu as voulu m’apprendre ce qu’était la liberté, même celle du vent d’ailleurs.
Quelle leçon, quelle précision, quel rire ! Comment veux- tu que je ne t’aime pas
alors que c’est en souriant que je pense à toi ?
Moi qui ai tenté vainement de mettre fin aux lettres du combat.
Je t’aime sans rancoeur, sans douleur et sans honte.
Juste pour ce que tu es. Une liberté sur pattes.

« je t’aime ». Trois mots usés, fatigués, abusés.
Dénués en soi de raison, heureux fous qu’ils sont ! On les prive également trop souvent de sens.
On les galvaude, on les traine dans la fange, leur faisant miroiter le respect
Et la confiance, pour finir par les attacher au bout d’une chaîne, au bord de la route.

J’ai décidé de les prendre sous mon aile et de les emmener partout avec moi.
J’ai envie de les faire voyager, leur faire voir du pays.
S’ils sont fatigués, je les porterai.
A bout de bras s’il le faut.
Quand j’aurai besoin d’eux, ils seront là.

Les livres sont faits pour circuler, me disais-tu.
Nos sentiments aussi. Et nous avec.
Je crois bien que tu m’as appris à aimer de mes propres ailes, finalement.

J’ai croisé un voyageur.
En plus de mes ailes, j’ai aussi des étoiles dans les yeux.

D’or laid en plage

Je fais ce que je peux, je viens presque tous les jours par ici. Tous les jours. Sauf ceux où je vais ailleurs. Me perdre un peu dans les ruelles, par exemple. Mais c’est difficile, faut l’avouer. Je commence un peu à connaître le coin. Alors je fais semblant, certains jours. Je fais comme si je connaissais pas, je butine, je m’amuse, je me dis Hop ! Et si je tournais un peu par là ? Mais ça m’éloigne un peu de mon boulot ça ! Oulala, comme c’est risqué ! Brrr… J’en ai des frissons dans le dos. Et puis j’atterris à mon boulot. Voilà. Sauf que je me suis amusée à me faire peur. Je suis même tombée sur un cul-de-sac une fois. J’ai du faire un demi-tour. Trop risqué le truc. Trop trépidant.

Bordel que cette ville est ennuyeuse.

Orléans plage

Je fais ce que je peux. Je joue aussi avec photoshop pour essayer de faire apparaître une quelconque beauté, une aspérité, un truc qui accroche, un relief, une courbe. Je fais défiler les photos. Mornes. Tristes. Obligée de sortir les fitres rouges pour rendre un peu de couleur à cette désolation.

Photographe amateur en berne cherche couleurs en stock et regard heureux.

En attendant près du pont

J’comprends pas c’qui m’arrive. Une confusion totale. Y’a les câbles qui se touchent, les neurones qui étincellent, la batterie qui grogne et le reste qui prend feu. En attendant les pompiers, y’a encore la Loire pour aller jouer à flotte-mouton.
J’aimerais être vierge de tout souvenir. Toutes ces causes, ces raisons, ces erreurs et ces pièges que je connais déjà.
Ces illuminations soudaines . Mon dieu ! Tu es donc un homme ?!
Empêtrée entre trois craintes, quatre angoisses, une terreur, et deux couilles.
Je suis déjà venue dans cet endroit, je crois… Mais oui ! Bien sûr ! C’est là que j’ai pris la plus grosse claque de toute ma vie ! Evidemment ! Comment ne pas se rappeler du chemin parcouru ?
Mais ce décor, on dirait un musée dansant, un bois envoûté, une clairière de chez Disney. Et là ! Y’a même une souris qui fait du patin à glace sur le lac gelé ! Et puis dans le coin, là-bas, y’a même une guitare ! On pourrait chancrier à tue-tête ! … Personne n’entendrait rien. Personne n’entend.
De toute façon. Nous n’émettons aucun son. Aucun signe tangible.
Aucune réalité.
J’ai des fourmis dans la tête, ça grésille. ça piquotte aussi, un peu.
Froimalpeur. Viens là, copain. Allons boire une bière. Attendons le camion. Sagement.

Edit : En matière d’orthographe ou d’autre chose, je camperai sur ma position tant qu’il ne sera pas interdit d’aller piquer des « c » au cul de picoter. Longue vie aux ailes des angemots.
Aujourd’hui, je n’aurai pas tort. De toute façon. Je me tuerai à te clore le clapet.

Rayon fruits et légumes

Je viens de sortir du supermarché.
En fait, je voulais déjà en sortir il ya quelques jours, lassée de m’énerver gratuitement sur de pauvres types dont le seul tort, au fond, en grattant la couche de bêtise et de médiocrité, est de ne pas se rendre compte qu’ils m’emmerdent profondément. Agacée de dépenser mon énergie et mon temps aussi vainement. Frustrée de ne plus prendre le temps d’écrire et de chercher la veine, de creuser le ventre. Epuisée de moi-même. Revenue de mes pulsions, dont il faut décidément que je me méfie. Je dis ça, je dis ça, jusqu’à la prochaine fois. Mais bon, bref, ceci est un problème entre la morale judéo-chrétienne et moi. Ma petite guerre à moi, officiellement déclarée depuis bientôt quatre ans maintenant.

Je voulais en sortir il y a quelques jours, quand j’ai jeté un coup d’oeil sur une grappe de mots. Posés là, en dehors des têtes de gondoles, en vrac, perdus dans un rayon. Pas de packaging affriolant. Pas de mise en valeur. Même pas de marque.

Je suis sortie aujourd’hui, un peu comme une voleuse. Sortie sans achat. Mais j’ai un petit truc dans ma poche. ça ressemble à un grand rire, une forme de fruit bizarre. J’ose pas trop ouvrir la boîte. Mais je la garde avec moi. Je ne sais pas ce qu’il y a dedans. ça doit être drôlement précieux pour que je la regarde comme ça.

Revenir au boulot après une semaine et demi d’absence, et commencer par boire une bonne lampée de détartrant cafetière est-il un acte manqué ?

Il suffit de pas grand chose pour avoir envie de revenir, juste une lumière qui brille. (Non, ce n’est pas celle du fond du tunnel, et le SAMU n’a pas encore été appelé).