Mes sublimes

J’ai simplement mangé de la beauté pendant trois jours.
J’aime me nourrir de ça… Encore et encore… et encore… et tout le temps…

Regarder le muscle tendu dans son cou ou bien ses yeux d’étincelles…
Je suis amoureuse de la beauté. Et j’aime les gens qui ont su avoir sa peau et s’en faire une toge ou un drapeau.
Je les aime, vraiment.

Encore un matin _ G et Sab_ B

Des grains, des grains…

Je ne veux qu’une seule chose depuis ce matin.
D’ailleurs, je ne suis pas capable de penser à autre chose qu’à cette seule-là. (Travail accompli du jour proche du 10 %. J’ai honte.)
Rentrer chez moi, visionner pour de vrai le reste des photos du tournage, essayer de sauver ce qui est récupérable à cause de ce foutu grain (pas de folie celui-là, dommage) et dormir … dormir… dormir !

Le grain du Fou.

Il dit que nous sommes seuls. Toujours.
Je dis que je suis toujours accompagnée par ma solitude. Toujours. Et que personne ne peut la remplacer.

Réveillée par je ne sais quel miracle de la conscience professionnelle à 7h07 sans aucune sonnerie, me jette sous de l’eau chaude, la douche me prend et me savonne, pour décoller de l’appartement parisien à 7h25 afin de chopper le train qui doit me ramener sur mon lieu de travail, ma voiture et mon domicile officiel. Soit cent-vingt kilomètres, une heure zéro quatre, et un orlaid an plus tard.
Ligne 5, entre Quai de la Rapée et Gare d’Austerlitz, je fais un effort pour garder les paupières ouvertes afin de jeter un coup d’oeil en forme d’à-bientôt-je-t’aime, sur l’eau qui coule au milieu de cette ville aux reflets de nacre, quand elle s’éveille parfois, les matins bien lunés. Les matins ensoleillés. Aurevoir, la belle.
Je me souviens du rayon de soleil d’un certain dimanche de Pâques. J’avais quelque chose comme 7… 10 ? ou peut-être 11 ans. Je sais en tout cas que c’était avant la fin du monde.
La mesure du temps qui passe me laisse songeuse le temps de me dire que décidément, il faut que j’arrête de penser, tout simplement.
J’arrive sur le quai de la gare où mon train gentiment m’attend. Quai 8. 7h45. Une vibration dans mon sac. C’est maintenant que tu te décides à sonner, connard ??!! Je peste contre mon réveil sur le quai 8 de la gare austère et lisse. Je m’énerve gentiment. Comme mon train. Me marre un bon coup en me disant que je n’aurai pas réussi une seule fois dans ce week-end à programmer mon réveil correctement. Petit organisme exigeant a besoin de sommeil et de nourriture pour fonctionner. Décide qu’un jus d’orange salvateur et un café seraient les bienvenus dans mon ventre. Craque aussi pour un pain au chocolat qui est toujours devant moi, pendant que je t’écris ça, et qui s’impatiente.
Finalement oui, finalement non.
Finalement je ne sais jamais rien.

Free hugs. 740 photos au compteur du Lumix. 1 giga bien tassé de tout ce que mon regard a cherché. Je me suis fait plaisir. J’ai même partagé un peu. Un Fou m’a regardée droit dans les yeux. J’espère lui en avoir volé un peu.
Et puis Lui. L’homme aux rires qui prennent tant de place. L’homme d’étincelles qui rend les autres tellement pâles. C’est libre que je l’aime. Et je m’aime en liberté.
Cette saveur impossible à retrouver ailleurs…

Je me perds dès que je cherche à m’enfermer quelque part. Un lieu. Une personne. Une idée.
J’ai besoin de ma dose d’explosion. Envers et contre les rêves de la petite fille.
Me dire aurevoir et renaître. 4 jours. J’ai peur.
Quitter cette ville terne et constante, changer de vie, rire et pleurer à foison. Et même en crever. Rien n’est grave.
J’ai besoin d’aller me chercher.
Mais surtout, je crois que j’ai besoin de fuir. Et c’est toujours cette carte-là qui finit par gagner.

En trois minutes, le temps qu’il me faudra

On fait le point.
La caméra bouge sur les deux comédiens qui s’élancent l’un vers l’autre.
On fait le point.
Je fais le point.
Ma caméra bouge sur des pourquoi, des comment et surtout, surtout, des conclusions à tirer.
La caméra fait le point sur la couverture tirée, cachant les deux corps à demi-nu.
Le film avance, j’essaie de le suivre mais ma tête est ailleurs.
Me concentrer sur la photo et me promettre qu’à la fin de la journée, j’aurais réussi à tirer la conclusion, faute d’avoir été là pour la couverture.
Avant, arrière.
Je suis là.
Ici et maintenant.
C’est tout ce qui doit m’importer car au final, les conclusions sont déjà tirées depuis avant.
Quel triste scène se déroule dans ma tête, à me dire qu’il a raison. Et que je n’ai pas non plus tort.
D’accord. Toujours. C’est effectivement d’un dramatique !

Ma petite cuillère et moi.

J’me suis regardée en train de manger mon yaourt.
Tain. J’ai l’air d’une névropathe psychotique.
Un coup de cuillère. La cuillère dans la bouche. J’avale et je tourne le pot d’un quart de tour dans le sens contraire des aiguilles d’une montre.
Re – coup de cuillère. La cuillère dans la bouche. J’avale et je tourne le pot suivant le même processus.
Et re. Et re re. Et encore. Et ça, jusqu’à la fin du pot.

Mon pot de compote est devant moi. Il m’attend. Je me demande si je vais le faire tourner lui aussi.
Bordel. Comment est-ce que je vais manger ma compote…

Un poids en moins sur l’estomac. La faim revient peu à peu.
Je fais le deuil de mes espérances folles. J’ai cru toucher l’âme soeur. J’ai cru pouvoir croire en son existence. J’ai cru faire revivre celui qui est mort, et qui, sûrement, n’a jamais existé. Mon jumeau.
Un mirage.
Ce n’était qu’un mirage.
J’ai de la magie dans la tête. Je ne sais plus quoi en faire, enfermée dans ma boîte de conserves. Ma maison. Mon lieu de survie.
J’ai de la magie dans la tête, et il me faut me battre pour la rendre vivante, matérielle, réelle.

Si tu ne croyais pas en moi, toi, je crois que je n’aurais pas la force…
Mais tu y crois.
Et c’est aussi pour cela que ta place reste toujours chaude dans mon coeur.

Je viens de me regarder manger ma compote.
Je suis rassurée, les rotations sont moins régulières. On dirait presque qu’il y a une place pour l’aléatoire dans ma dégustation.
Sauf que je nettoie consciencieusement les bords du pot à chaque passage.

Antithèse

Changeante… Mais changer au fil de quoi ?
Des autres ? Des évenements ? Des humeurs ? Des hormones ? De la couleur du ciel ?
Un peu tout cela sans doute. Entre le caméléon et le baromètre.
Baroléon ?
Ouais, baroléon. Parce que caméomètre, ça me branche moyen.

Il m’a dit « T’es une femme, une vraie femme, pas une bimbo, qu’a besoin d’un vrai homme qu’a besoin d’une vraie femme ».
J’étais super avancée.
Et on est tombés d’accord sur le point suivant, non des moindres, que les vrais hommes qui recherchent des vraies femmes, ça ressemble en général à des gros connards macho.
Soit.
Donc.
Les mecs bien, intéressants et humains, c’est parfait pour m’en faire les meilleurs amis du monde.
Les gros lourds qui pigent que dalle, cons comme des soupes en sachet, avec qui je peux parler de rien, c’est fait pour que je me marie avec.
Génial.

Elle est toujours valable l’option « je finis seule avec 40 chats » ?

Ce que je sais, néanmoins, c’est que je suis.
Je suis, j’aime, je vis, je ris, je danse, je chante et je crie. J’écoute, je regarde, j’admire, j’absorbe, je dissèque, mélange et recrache.
Pas assez combative.
Pas assez combattante.
Je suis d’accord, aussi.
Dillettante, sans aucun doute.
Résignée, trop souvent.
Absente, régulièrement.
Un putain de pouvoir au présentiment, au ressenti, au feeling. Que je ne maîtrise pas assez, que j’écoute souvent trop tard.
Je suis un nerf. Un capteur. Une pellicule.

Et j’ai horreur de la lâcheté et des non-dits mensongers. Des pensées qui se masquent, des mots qui se dérobent.
Pourtant, je trouve que j’excelle souvent en la matière. Parce que je les vois, ces trucs qui clochent, et que je ne peux pas m’empêcher de les dénoncer aussitôt.
Sauf quand je me plante.
Et c’est ce qui vient juste de m’arriver.

La faiblesse des autres est une merde dans laquelle j’adore marcher.
Parce que je suis aussi sans pitié.

Je conduisais tranquillement, avec mes pattes de canard à casser dans la tête, histoire de varier.
ça roulait pépère, je respectais même presque les limitations de vitesse. Et bam !
Un pneu qui explose ? Non.
Un lapin suicidaire ? Non plus.
Une crise existentielle. Là. Ecrite noir sur blanc sur un parpaing plombé qui m’est tombé en plein sur la tronche.
Voilà ce que c’était.
J’étais en train de me dire que je n’avais su que parler de moi. Et que je n’avais pas su être moi.
Et là est tout le problème.
Qui je suis. Bordel.
QUI JE SUIS ?!
Parcellée, morcellée, découpée, séparée, pixellisée.
Eparpillée en milliers de petits éclats que je n’ai su que répandre derrière moi. J’ai laissé mon bordel trainer lentement et je me suis abandonnée, petits bouts par petits bouts, au fil du temps.
Aujourd’hui, il me reste entre les mains une brique de dilettantisme qui me plombe l’existence.
Je n’ai réussi à garder que le pire de qui je suis.
Parce que je suis la personne heureuse, rieuse et joueuse quand elle est avec des gens heureux, rieurs et joueurs.
Parce que je suis aussi la personne triste qui compatis face à la détresse. Comme elle peut, c’est à dire comme beaucoup.
Parce que je suis aussi la fille qui a voulu être mère et qui en est devenue chiante.
Parce que je suis aussi le clown qui faisait rire toute la famille en imitant Guignol.
Et attends, c’est pas tout.
Je suis aussi celle qui pique des colères quand l’agressivité extérieure vient toquer à sa porte.
Et puis celle qui boit comme un trou quand elle veut oublier.
Celle qui écoute quand il faut écouter, celle qui se tait quand on parle, celle qui parle quand on lui pose des questions.
Et aussi celle qui regarde les gens partir sans broncher parce qu’elle veut pas encombrer.
Je suis celle qui s’efface devant le monde.
Celle qui disparaît.
Celle qui n’a pas vraiment de personnalité, ou bien qui l’a laissée traîner derrière elle et l’a oubliée.

Une chose me rassure, je ne suis pas d’accord avec la majorité des conneries que je viens d’écrire.
Je suis tout. Et son contraire.
C’est à dire rien.

Mais ça ne me dit pas qui je suis.
Je ne sais pas quoi faire pour me rassembler…

Pourtant, c’était le but, quand j’ai décidé de rester vivre au milieu de rien. Pouvoir me regrouper.
Mais c’est à croire que j’ai réussi mon passe-passe de caméléon sans même m’en rendre compte. Je suis devenue rien.
J’ai eu tout faux.
Et je m’en veux.
Je m’en veux comme rarement.

Je ne sais pas quoi faire pour me ressembler.
Et j’ai peur de ce que je suis en train d’écrire.

Super Jamie, le cassoulet, et moi.

J’me prends pour Super Jamie, j’ai un super pouvoir ! Il s’appelle l’autoconviction. Quand j’ai envie et besoin d’aimer, c’est à dire, soyons honnête avec nous-mêmes puisque l’honnêteté est intrinsèque à l’existence d’un super Héros, quatre-vingt dix pour cent de mon temps de vie jusqu’à ce jour, je jette mon dévolu mon super pouvoir sur quelqu’un qui me paraît à peu près assez digne pour le recevoir et pouf ! Voilà ! J’aime !
Et alors quand la situation s’avère périlleuse, qu’en fait c’était un méchant déguisé en gentil et que Super Jamie elle s’est fait bluffer, pff, la conne ! Et ben pouf ! Autoconviction powa ! Et voilà j’aime plus !

Autrement dit, être Super Jamie, c’est super crevant pour le coeur, faut être réaliste.
Pis parfois, Super Jamie, elle se demande si elle ferait pas mieux d’utiliser son Super Pouvoir à d’autres fins plus utiles que celle de satisfaire ses Super besoins affectifs. Genre se bouger le cul et trouver un Super boulot. (‘coute cher ce foutu costume à paillettes hein).

Certaines nuits où Super Jamie est super fatiguée d’avoir trop bousculé son petit coeur de naine (une erreur de l’accessoiriste jamais corrigée pour éviter les brouillages avec le script), elle se marre comme une Super loutre à 6 heures du mat dans son pieu parce qu’elle vient de se faire réveiller par un Super matou qui a une Super clochette pendue à son cou sur l’idée de sa Super coloc. Super Jamie, elle se lève, elle va faire pipi (les Super Héros font pipi, et oui ! Mais on ne sait toujours pas s’ils font caca ou non, la science des Super Héros étant confrontée elle aussi au fameux chaînon manquant… Aucun rush d’un Super Héros aux toilettes n’ayant jamais été découvert jusqu’à ce jour. Mais moi, je vous le dit, Super Jamie, elle fait pipi. Un jour, vous verrez les preuves dans « Incroyable mais vrai » à 23h15 sur TF1.)
On en était donc à Super Jamie qui va faire pipi, qui vire le chat à clochette qui fait trop de bruit de son pieu, qui verrouille la porte à clé parce que, qui dit Super Matou dit aussi Super pouvoir pour ouvrir la porte même quand tu crois qu’elle est fermée, et qui se recouche.
Et là, Super Jamie est confrontée à un gros trou dans sa tête. Le méchant tente de s’immiscer dans son cerveau et s’apprête à l’empêcher de se rendormir. Les lettres d’un prénom se matérialisent dans sa conscience… Super Jamie !!!! Attention !!! Le méchant est là !!!
Et ben qu’est-ce qu’elle fait Super Jamie ? Mh ? Je vous le demande ?!
Elle sort son Super Pouvoir Dérision en combo avec Autoconviction et pouf !
Surgissent alors dans la nuit les lettres qui vont effacer à tout jamais le méchant de la tête de Super Jamie… Hahaha ! Se gausse Super Jamie. « Tu voulais m’empêcher de dormir, hein ? Canaillou !? He ben prends-toi ça dans ta face ! »

« Casser trois pattes à un canard »

Le méchant arrête de rigoler deux secondes.
Tain, ça marche. J’y crois pas.
« Casser trois pattes à un canard ! Casser trois pattes à un canard ! Casser trois pattes à un canard ! »
Super Jamie rigole. Le méchant capitule dans un râle de démon retournant aux Enfers. Super Jamie fait coucou de la main aux soeurs Halliwell, sourit, et se rendort enfin.

Depuis ce matin, j’en suis à environ une centaine de « casser trois pattes à un canard ».
Ce qui nous fait 300 pattes de canards.
Super Jamie nous prépare le plus gros cassoulet du monde pour le Guiness Book des records 2008.

Cassandre, ma vieille copine.

Ces instants de totale lucidité où je me vois aller droit dans le mur. Sous le signe de l’évidence, on avance, on avance, on fonce dans cette envie d’aller loin, plus loin, encore plus loin… En faisant confiance à l’évidence et sans voir qu’on la perd en chemin.
Il me dit tout, mon sixième sens. Il me dit tout ce qui est en train d’arriver. Je devrais peut être juste lui acheter des lunettes pour corriger sa myopie afin de pouvoir rectifier le tir avant qu’il ne soit parti.
Quand prendras-tu confiance ? C’est ce que tu m’as dit. Ce que tu m’as redit. Ce qui me hante.
Maintenant, non seulement je n’ai pas conficance en moi, mais en plus je m’en rends compte.
Bordel. On fait comment pour faire demi-tour quand on est au fond d’un trou enfoncé de 5 mètres dans la terre ?