Tracée.

Cela faisait combien de temps que je me prenais la tête avec le boulot qui va pas, le coeur qui s’accroche et qui racle, les kilos en trop, les plantes vertes qui crèvent toutes, les putain merde j’ai encore oublié d’arroser les plantes, les poils de chat sur mes pulls noirs, le trou de la sécu, la retraite quand j’aurai plus qu’à crever, la terre qui va imploser, les nuages qui vont nous dissoudre dans l’acidité, les souffrances diverses et variées, les envies de vomir, les connards, les crétins, les deux à la fois mon capitaine…

Je ne sais pas. Peut-être deux ans. Peut-être quatre. Peut-être trente.

Je ne sais pas non plus ce qui s’est passé. Je ne sais pas qui vraiment a eu la bonne idée d’allumer. De mettre un peu de lumière dans ma tête, le dégivrage arrière, et de chasser la buée.

Bien sûr, y’a toujours mes plantes qui crèvent, je vais toujours mourir demain sans avoir vécu ce que je ne vivrai pas, y’a toujours autant de connards, de crétins et des deux mon capitaine, ma balance affiche toujours 10 kilos de trop, on va toujours tous crever, et tout seuls, en plus, ma bonne dame.

Mais alors, je crois que j’en n’ai plus rien à cirer.

Il ya ces quelques personnes que j’aime, et qui sont toujours là. Il y a cet homme qui m’éclaire le coeur quand je le vois sourire. Il m’aura tellement éclairé que je crois que je suis restée allumée même depuis qu’il a fait cramé le compteur.
Ouais. Je crois que je pourrais crever demain avec le sourire. J’ai aimé.
Et c’est bien pour ça que je vais rester encore un peu.

Dans un an, j’aurai changé de tête. Celle que je vois dans le miroir tous les jours ne sera plus là.
J’ai décidé d’enlever ma carapace, mon bouclier, mon armure, mon poignard.
Je vais me séparer de cette cicatrice qui m’a faite telle que je suis.
Je vais me quitter. Laisser ma peau derrière moi, et me retrouver telle que je suis née. (Je garde quand même les dents et les cheveux, ne soyons pas non plus extrêmiste.)

La plus belle trace que la vie aura laissée sur mon visage, la monstrueuse, la dérangeante, la captivante, la troublante, la charmante, la désymétrisante, la déchirure, la marque du vécu, je vais la laisser derrière moi pour essayer de voir ce qui se cache dessous, et que je ne connais toujours pas, que je n’ai jamais connu. J’avais trois ans.

Qui je suis derrière elle ?

Peut-être que je cherche des signes où il n’y en a pas. Peut-être que j’essaye de rendre mon cheminement cohérent alors qu’il me mène par le bout du nez. Peut-être suis-je encore en train de m’enfiler dans une voie sans issue.
Mais… j’ai décidé qu’il n’en sera pas ainsi.

Je crois que j’ai trouvé un panneau de commandes. Je ne sais pas si c’est le mien. Je ne sais pas s’il fonctionne. Qu’importe. J’ai envie de jouer un peu avec les boutons.

C’est vrai que ça soulage comme un gros pipi…

J’ai plus le temps d’écrire la journée, je me suis remise à bosser.
J’ai plus envie d’écrire le soir, j’ai pas assez de désespoir.
J’ai pas très envie d’écrire le matin, j’ai plus assez de chagrin.
Blablabla blablabla blablabla
Bla.
Pourquoi parler de ce que je ne connais pas si c’est pour dire des conneries
Pourquoi parler de ce que je connais trop si c’est pour rabacher encore et encore.

Tout ce que j’ai envie de dire aujourd’hui, c’est que je n’aime pas ces matins-là où je sucre mon café deux fois, sans me rappeler quand a eu lieu la première.
Je retourne me noyer dans mon boulot que j’aime tant et que je rêve de quitter.
Paradoxe sur fond de ciel bleu, soleil éclatant.
Y’a encore des graines, encore du terreau, de l’engrais, et tellement de fumiers.
Je pense à toi. J’aimerais bien être amoureuse. J’aimerais bien avoir eu raison, j’aurais bien aimé que tu me répondes. J’aimerais bien te rencontrer. J’aimerais bien ne pas avoir envie de t’insulter. Trop de gens, trop d’envies, un seul être que j’aime vraiment.
Quel est l’espace-temps moyen entre une main sur un cul et une envie de crier connard ?
Trois ans. Trois mois. Trois semaines. Trois jours.
Juste un petit bout d’amour.
J’en demande au moins autant.

Et voilà le post du mois de novembre, Nalinou.
ça vient presque tout seul finalement, juste que je ne fais plus l’effort.
Combat contre le vain. Alcoolépique et colle les grammes.
Juste que je te laisse, je retourne au taf.
Je vous embrasse, mes amours.
Appelle -moi, j’ai rien à dire, j’aime pas parler et je déteste le téléphone.