trente-trois.

Je suis en danger.
Je suis un danger.
Et toujours aucun panneau de signalisation sur la route.
Je suis coupable.
Je suis découpée.
Et la lame ne m’a même pas déflorée.

Les choses se passent sans que rien ne soit transformé. Nous n’en verrons jamais le bout. De la route. De la queue. Tout est figé, religieusement silencieux. Les choses ne voudraient pas qu’on les voit. La magie opère. Elle se noue un masque bleu sur le visage, met ses gants de latex, sort son bistouri. Attention, elle va ouvrir. Un deux trois soleil. Plus personne ne bouge. Les mains sur la tête. Sinon, tu vas me sentir passer, salope. A sec, sans anesthésie.

Dieu que je suis choquée. Je me regarde dans la vitre, et tout ce que je vois, c’est dehors. Je suis passée par la fenêtre. Et c’est rien de le dire. C’est rien. Trois fois rien. La fenêtre n’a pourtant que deux combattants. C’est trop facile de jeter les mots. Je me fais rire. rien. Je sais plus. Je te jette ça à la gueule, comme si je me comprenais moi-même.

A un moment ou un autre de la journée, je me réveille. Parce qu’il est l’heure de reprendre le contrôle de la réalité. C’est comme ça, tout le monde fait pareil, depuis la nuit des temps. Sans que personne n’ait jamais compris pourquoi. Même si chacun colle une raison sur cet état des choses, des êtres, du vivant. Et quand les morts se réveillent, c’est qu’on est au cinéma, devant un film de zombie. Et pourtant, les morts sont là, hein. On les porte dans nos coeurs. On les ressort pour la Toussaint. C’est comme ça, c’est un état des choses des êtres morts, du vivant.
Bonjour grand-mère. Comment ça va ?

ça me coute rien de le dire. De l’écrire non plus. ça rembourse mes années d’étude. Grande section maternelle. Je me souviens, j’ai appris à lire avec « Petit Marmouset ». Et Larousse me dit que j’ai appris à lire avec Petite « Figurine grotesque : Marmousets sculptés sur les portails des églises. » Maintenant je comprends tout.

Demain, je recommence. J’efface tout. Je me rachète. On peut faire ça ? Dis ? On peut ? J’ai une cathédrale à effondrer. Une bombe H à fabriquer. Un monde à faire imploser. La nature a horreur du vide. C’est pour ça qu’on avale des conneries. Pour donner le change. Avoir du répondant face au néant qui nous constitue.
Demain, ce sera pour une autre raison. On s’en fout.

Rien n’est bien grave finalement. La lame est aiguisée. Une question d’angle, tout ça. De points de vue. Demain, je serai réveillée. Je reprendrai le contrôle. J’ai horreur de mon laisser-aller. passer. pisser. Rayons la mention utile et allons prendre un peu le soleil. ça fait assez mal comme ça. Laissons la magie opérer.

Une réflexion sur “trente-trois.

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