Il était au bord de la route. Immobile.
Il écoutait le bruit de la campagne alentour.
Dressé sur ses pattes, la circulation ne paraissait pas le déranger.
Il restait là, emprunt de fierté, à quelques centimètres des roues des véhicules qui passaient sur la nationale.
C’était un lapin comme on en rencontre rarement.
Un de ces lapins qui ne change pas brusquement de direction devant ma voiture.
L’un de ceux qui savent que c’est leur vie tout entière qui se joue sur un coup de tête et de frein.
Un lapin adulte, intelligent et mature, habitué à son environnement de prairies et de grandes barrières de bitume où tant de ses congénères ont laissé leur petite queue touffue blanche se maculer de leur sang tragique.
Un lapin stoïque.
Et je vous vois venir.
Hin hin.
Non.
J’ai pas fait de tâches sur la route.
J’avais juste envie de lui faire honneur ce soir, quoi.
Je vois pas où est le problème.
C’est triste comme histoire, hein.
Si ça se trouve, deux minutes après mon passage, il a eu très envie de la lapine de l’autre côté de la nationale et pouf.
Mais bon, c’est pas moi hein.
Ahlala. Quand même. Ce que ça peut être tragique les histoires de lapin.
J’en ai une larme à l’oeil.
Au fait. Quelqu’un veut du ragoût ?
Yep. Et une papatte. Et donne moi ton itineraire quotidien. PArce que si jamais je dois faire du stop sur le bord de la nationale déguisé en lapin (y avait un bal masqué) je ne veux pas finir en ragout. Ou en terrine d’ailleurs.
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C’est ce qu’on apelle, avec les hérissons, des « Road-pizzas »…
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Poussinet, si je croise un très grand lapin au bord de la nationale, je ralentirai…Le point positif c’est que tu ne te feras sans doute pas écrabouiller. Le risque, c’est que tu te fasses manger quand même :p