Mon Twin Peaks.

Il est cinq heures et demi du matin. Des gémissements cherchent à me sortir de là, mes pieds qui se débattent sous les draps. C’est ma propre voix qui m’a réveillée. J’ouvre grand les yeux. Il est cinq heures et demi du matin. C’est ce que m’indique cette pendule que je ne connais pas.
Il faut que je me lève, je ne peux pas rester là.

Direction la salle de bain, un peu d’eau fraîche sur le visage pour m’aider à retrouver mon souffle.
Dans le miroir en face de moi, une femme. Les yeux fatigués et les cheveux en bataille. Je me demande contre qui ils ont fait la guerre.
En refermant les yeux, je revisualise les dernières images de mon rêve. Et je me mets à pleurer.
Le souffle ne revient pas, mais les sanglots de l’épuisement m’obligent à respirer par saccades. Grandes inspirations. Larmes. Essoufflement. Image.
Grande inspiration. Image, encore. Sanglots. Saccades.

Besoin d’air. Une cigarette aussi.
Sans réveiller mon hôte étendu sur la chauffeuse au milieu du passage, je me glisse à l’aveugle en suivant les arrêtes des murs, de la table. Je récupère une veste au passage. J’ouvre les volets, je sors.

Tout est silence, dehors.
Je sais que je ne pourrai pas aller me rendormir tant que je n’aurai pas évacué cette image, tant que je ne l’aurai pas regardée en face.

Une femme, cheveux longs, sourire carnassier passe sa tête dans le chambranle de la porte. C’est sa deuxième crise. Elle est venue s’excuser un peu plus tôt pour la première. Elle est malade. Je ne la connais pas, je ne crois pas. Elle est la soeur d’une amie avec qui je suis. Mais je ne reconnais personne. Aucun visage ne m’est famillier.
Nous sommes dans une petite pièce claire. La porte est blanche, à carreaux. Le lieu me paraît pourtant apaisant. Mais cette femme approche, elle a le vice gravé au fond des yeux, ses lèvres sont gonflées du désir de croquer de la chair. Elle est différente de la pauvre fille qui est venue s’excuser pour sa maladie. Elle est sûre d’elle, forte. Plus forte que moi. Elle est le mal. Elle rampe vers mes pieds, en me parlant. C’est moi qu’elle regarde cette fois. C’est moi qui l’intéresse. Tétanisée par la peur, voilà tout ce que je suis. Les autres personnes sont immobiles et me tournent le dos. Je suis seule avec elle cette fois. Tout ce que je peux faire pour me protéger, c’est cacher mes orteils. Je revois encore mes deux pouces tenter de se faufiler dans les replis du coude de la personne qui est devant moi et me tourne le dos, immobile.
Voilà l’instant exact où mon corps s’est réveillé pour fuire le cauchemar. Cet instant où j’ai senti mes orteils enserrés au fond d’une bouche par des dents qui voulaient m’engloutir.

Pourquoi m’était-il impossible de me rendormir ? Pourquoi cette image m’a t’elle bouleversée à ce point ?
La seule chose qui a pu m’apaiser, c’est de prononcer à haute voix les mots qui restaient enfermés dans ma tête et me faisaient pleurer.
« Elle est une part de toi. Il faut que tu l’acceptes. »

De l’autre côté du rideau rouge. On trouve un nain. On trouve Bob.
J’ai regardé mon démon à moi.
Je l’ai rencontré et tout ce que j’ai su faire, c’est me laisser terroriser par la peur et l’angoisse.
Elle est tout ce que j’ai à affronter. Elle est ma part de mal. Elle est le concentré de toutes mes peurs. Elle est une part de moi.

Une fois que les mots sont sortis, j’ai pu retourner dans la chaleur du lit. Me laisser encore assomer par quelques sanglots que les lentes inspirations ont fini par calmer. Et le sommeil m’a de nouveau emportée.

Près de 36 heures sont passées.
L’angoisse est toujours là.

3 réflexions sur “Mon Twin Peaks.

  1. Ca prends du temps, bcps de temps…

  2. wilou dit :

    Ces angoisse rendent le silence pesant. Peut être un bain de foule ?
    (bon ok pas à 5h du mat)

  3. ana dit :

    Tiens, ce matin je me suis réveillée en plein cauchemar, à 5h30 (et ce n’est pas une blague).

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