Point de départ de la boucle.
Bonjour la vie, ici l’enfant.
Je suis heureux de faire ta connaissance, j’espère qu’on sera bon copains tous les deux.
J’espère que tu ne me trahiras pas, hein. Qu’on sera amis pour de vrai.
D’ailleurs, on pourrait être amis pour la vie.
Ha ouais, ce serait bien ça, d’être ami pour la vie avec toi, la vie.
Ce serait drôle.
J’espère que tu me feras pas de coups bas hein.
Je veux pas finir comme papa. Même s’il le sait encore pas.
Je veux pas finir comme maman. Même si elle s’en fout. Elle dort.
Je voudrais bien devenir cosmonaute.
Et puis avoir un beau vélo bleu pour mes 7 ans.
Et puis gagner des sous, plus tard.
Et puis que Jeannette, elle continue de s’énerver comme ça, et de courir comme un petit furet vexé, quand je lui tire les couettes.
Toute la vie. Je veux qu’elle court et qu’elle galope toute la vie.
Et qu’elle m’envoie des petites boulettes de papier, aussi.
Je veux que le soleil, il brille comme ça, tout le temps.
J’ai pas à me justifier, mais moi ça me paraît évident de vouloir ça.
C’est juste que ça me réchauffe le coeur d’avance, pour quand j’aurai envie de crever.
Et puis aussi, parce que c’est super beau, les cheveux de Jeannette qui volent au soleil, comme ça, comme une rivière avec des poissons dedans, des beaux poissons, des poissons d’argent.
Jeannette, elle fait un concours toutes les nuits, dans mes rêves, avec les étoiles, pour savoir laquelle c’est qui brille le plus.
Jeannette, elle gagne tout le temps.
Alors je lui tire les couettes, pour lui dire qu’elle compte plus que les étoiles, pour moi.
Et elle s’en va, vexée, comme un petit furet, coincé dans un piège.
Jeannette, elle saura jamais comment je l’aime.
Et moi, je saurai jamais lui expliquer, parce que je sais pas lui donner de mots. Juste des boulettes de papier. Et des coups de pieds, dans ses côtes. Là où je l’abîme pas trop.
Je sais rien que lui tirer les couettes, regarder ses cheveux briller, et avoir envie de la cogner tellement c’est insupportable de la savoir vivante et être heureuse loin de moi.
Un jour, j’aurai envie de crever tellement elle me manque.
Un jour, j’aurai envie de la tuer pour qu’elle vienne éclairer avec ses cheveux les nimbes de l’enfer où j’irai sûrement pourrir.
La vie, je crois qu’on va pas pouvoir être copains finalement.
C’est dommage, je t’aimais déjà bien.
C’est pas grave.
On efface tout, on recommence.
Point de départ de la boucle.
Bonjour la vie, ici l’enfant.
J’aime bien ton blog, belle ecriture, sans prétentions…ça change, merci!!