Les infirmières m’ont offert une poule.
Une belle poule, avec cinq doigts.
C’est une poule, parce qu’elle a une jolie crête.
ça peut être que ça.
C’est même une poule magique parce qu’elle est en plastique.
Aujourd’hui, je vais sortir de l’hôpital.
Il faut fêter ça !
Combien de temps cela fait-il que je suis ici ?
Je n’en sais plus rien. Quelques semaines ? Quelques mois ?
Je suis entrée là parce qu’on est allées se promener, maman, cousine, tatan, et moi.
On est allées voir la voisine. La voisine, avec son gros chien.
J’ai voulu faire un câlin. Les câlins, dans les pattes des gros chiens, ça vaut tous les bisous de la terre.
Et puis après, y’a eu maman qui courait.
Et puis moi, dans ses bras.
Y’a eu la voiture, la Diane.
Je savais pas trop où on roulait.
Mais maman voulait qu’on y arrive très vite.
Et puis un jour, je me suis réveillée, et on avait éteint la lumière.
J’y voyais plus rien.
Le docteur, et puis maman, ils m’ont dit que c’était pas la lumière qui était éteinte.
Qu’il faisait même très beau dehors. Un beau mois de juillet.
En fait, c’est parce qu’on m’a mis plein de bandeaux tout autour de la tête.
Quelle drôle d’idée. Je veux bien les croire. Seulement une fois que j’aurai vérifié par moi-même.
Y’a pas d’âge pour se prendre pour Saint Thomas.
Je suis montée sur le lit, y’a un immense miroir.
Je me dresse sur la pointe des pieds et je contemple les belles bandes blanches qui me couronnent.
Et qu’évidemment, j’avais déjà pris soin d’écarter.
ça vous apprendra à m’interdire d’y toucher.
Je suis une petite princesse, au pays des poules en caoutchouc à cinq doigts
Et des infirmières qui sont pas comme la lumière.
Elles, elles s’éteignent pas.
un baiser sur tes yeux … qui sont pleins de lumière.
Je t’en offrirais volontiers tout autant…
toi non plus tu ne t’éteins pas ma lumineuse…bises