Flûte de temps

Je n’écrirai jamais assez vite, ni assez bien, pour que le curseur ne rattrape chacune des lettres que je frappe sur le clavier, en marche arrière, doigt posé sur delete.
Mais je peux toujours poser mon doigt ailleurs que sur delete.
Je peux toujours essayer d’avancer, quand même.
Combien de temps me reste t’il pour que je trouve le sens de ce que je dois écrire, un jour ou l’autre ?
Le métronome attend, patiemment. Clic à gauche. Clic à droite.
Il bouge, il se meut, il fait son bruit, son petit, tout petit, son tout petit bruit à lui.
Et il avance.
Le con.
Bien plus vite que moi.
Si j’attend d’être à gauche pour aller à droite, d’être à droite pour aller à gauche, ben moi j’aurai pas l’impression d’avancer.
Peut-être que si j’étais une musique…
Une musique qui fait des clic.
Ou bien une symphonie, avec les violons et tout ça. Tout une batterie de percussions, un nuage de vents, un panier de cordes. Un truc comme ça. Je sais pas.
J’ai envie de faire mes petits bruits à moi. De trouver mon ton. De vibrer mes sons.
Trouver l’âme. L’âme du violon.
Beau luthier, me feras-tu chanter ?
Me feras-tu briller, avec ta douce peau de chamois ?
Frappe, frotte, tire, pince, souffle… Et cherche l’erreur.
Trouve l’anche… Caresse les touches, appuie doucement.
Si tu es sage, je te donnerai une belle note. Et même peut-être une image.

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