Câlin calichien

J’sais pas trop quoi dire, j’sais pas trop quoi faire quand y’a de la tristesse dans les yeux de ceux que j’aime. Alors, tiens voilà. J’te fais un bisou et je te donne ça. Et comme t’es pas con, tu te reconnaîtras 🙂

Câlin calichien…
Offre moi un os, j’te lêcherai la main.
Si j’garde plus la maison, si j’te réveille plus le matin,
C’est juste pour aller faire les poubelles avec les copains,
Dans une grande étendue verte, remplie de réverbères,
Où on peut gambader tranquilles et s’la jouer pépères.
Si je vide plus la gamelle, t’inquiète pas, j’risque pas d’avoir faim.
Y’a des copines, d’la terre à fouiner, des empreintes à décrypter,
et, soyons honnêtes, plein de culs à renifler. Au coin d’la rue, y’a même une mémé qui fait refroidir son rôti sur le bord de la f’nêtre.
Mais y’auraplus de bave sur ton pied.
D’la bave de câlin, de câlin calichien.
J’garderai plus la maison, juste ma ptite place de chien,
Dans la grande prairie verte, au fond de ta mémoire.
Les copains seront jaloux, de toutes les niches, c’est moi qu’aura la plus belle.
Une chouette niche en forme de ton coeur, avec des rires d’enfants et plein de souvenirs joyeux.
Gratte à la porte si tu veux, dans ma niche, y’a d’la place pour tant qu’on veut.
Et puis apporte moi un os, j’te f’rai un câlin. Un ptit câlin, de cali calichien.

Entre la foudre et le tonnerre, y’a comme un grand vide…

La scène se passe au retour du dernier week-end, alors que je viens tout juste de descendre de ma voiture après quelques cinq-cents kilomètres pénibles, accompagnée de près, de très près, voir de très très près par des milliers de parisiens dont parfois, j’aurais pu apercevoir les poils de nez en me concentrant sur mon rétroviseur intérieur plutôt que sur le bras d’honneur que j’hésite sur le moment à dresser.

En bonne mère de famille que je ne suis pas, je prends des nouvelles :
1) de mon chat.
2) de mon PC.
Y’a pas de 3).

Les nouvelles de mon chat etant venues toutes seules à moi sous le doux spectacle d’une boule de poils noirs gambadant autour de la mare et occupée à dépecer une adorable petite souris ou peut-être un oiseau, je m’enquière de la santé de mon PC, puisque visiblement, un orage a sévi dans les environs, arrachant les branchages du saul.
(Oui, il reste des arbres en Beauce, mais dépêchez-vous si vous voulez les voir, ils sont classés collector limitaid édition. A part les pilones électriques et les éoliennes, rien n’a le droit de pousser qui soit au-dessus de la taille du Beauceron moyen. ça doit faire partie du code cantonal, je crois. Et encore, les pilônes et les éoliennes, si ils restent debouts, c’est simplement parce que les tronçonneuses n’ont pas suffisamment la dent dure.)

Mais revenons au temps qu’il a fait au cours du week-end dernier, ainsi qu’à mon PC.

Mon cher PC… qui a déjà eu à subir de sérieux dégats électriques il y a deux ans, alors qu’il avait à peine quelques semaines… On a réussi à le sauver grâce à une greffe de l’alimentation, mais il s’en est fallu de peu.

« -Y’a eu de l’orage, non ? Rassure-moi F., la foudre n’est pas encore tombée sur la maison, hein ?
-Ben… la foudre je sais pas, mais en tout cas, y’a eu du tonnerre ! »

Bon ben voilà. Moi je dis plus rien quand j’entends ça, hein. Je veux pas répondre. J’aurais trop peur de prendre un air intelligent. Et franchement, c’est trop facile, c’est pas très drôle.

Tout ça pour vous dire (et oui, il y avait un déroulement logique dans mon discours ! ça vous troue le cul, hein ?) que ma chère coloc va bientôt s’en aller. Des perles pareilles, je pense pas pouvoir trouver grand monde pour m’en fournir avec tant de prolixité. Peut-être que ça va me manquer… ?
Remarque, si elle pouvait emmener ses perles, la Star’ac, les nouvelles stars et toutes les conneries de la télévision loin de chez moi pour ne plus jamais les voir revenir, je pense que je pourrai survivre…

La potentielle future devrait venir visiter les lieux bientôt. Faut que je pense à lui demander si elle a déjà fait le test du tupperware dans le four à chaleur-tournante, comme F. ça me donnera une bonne base de comparaison.

La chanson du jour

Dans les cordages chinois
Dans les bleus sur ta peau
Dans les lanières du chat
Dans la cravache en roseau
Dans la cagoule à clous
Dans la poire à eau
Je te plucherai

Dans le congélateur
Dans les pinces en laiton
Dans la raquette à dents
Où je rougirai ton nom
Dans le fouet et le sang
Dans la boule du baillon
Je te plucherai

Je te plucherai d’un amour saillant
Je te plucherai avec des papillons
Je te plucherai comme un vieux bourreau
Je te plucherai

Je te plucherai avec des anneaux
Je te plucherai des chaines des pointes en toi
Je te plucherai au-delà de toi
Je te plucherai

Merci.
Au revoir.

Edit : Permettez-moi d’ajouter que je suis béate d’admiration devant ma création et mon grand respect pour l’oeuvre très originale et, dieu soit loué, unique, de cet artiste dont tout le monde a oublié le nom.

Flûte de temps

Je n’écrirai jamais assez vite, ni assez bien, pour que le curseur ne rattrape chacune des lettres que je frappe sur le clavier, en marche arrière, doigt posé sur delete.
Mais je peux toujours poser mon doigt ailleurs que sur delete.
Je peux toujours essayer d’avancer, quand même.
Combien de temps me reste t’il pour que je trouve le sens de ce que je dois écrire, un jour ou l’autre ?
Le métronome attend, patiemment. Clic à gauche. Clic à droite.
Il bouge, il se meut, il fait son bruit, son petit, tout petit, son tout petit bruit à lui.
Et il avance.
Le con.
Bien plus vite que moi.
Si j’attend d’être à gauche pour aller à droite, d’être à droite pour aller à gauche, ben moi j’aurai pas l’impression d’avancer.
Peut-être que si j’étais une musique…
Une musique qui fait des clic.
Ou bien une symphonie, avec les violons et tout ça. Tout une batterie de percussions, un nuage de vents, un panier de cordes. Un truc comme ça. Je sais pas.
J’ai envie de faire mes petits bruits à moi. De trouver mon ton. De vibrer mes sons.
Trouver l’âme. L’âme du violon.
Beau luthier, me feras-tu chanter ?
Me feras-tu briller, avec ta douce peau de chamois ?
Frappe, frotte, tire, pince, souffle… Et cherche l’erreur.
Trouve l’anche… Caresse les touches, appuie doucement.
Si tu es sage, je te donnerai une belle note. Et même peut-être une image.

Pluie sur la route du retour.

Un bébé avec sa bavette autour du cou.
Sur une chaise haute.
Les adultes attentionnés précautionneux
Attroupés autour.

Souvenir d’avoir été « bébé » dans une autre vie.
Pas si loin. Tellement caché.
Amas de bouts de vie, péripéties, catastrophes,
atrophies du vécu sclérosant.

Dans quelle autre vie était-ce ?
Que me reste-t’il encore, au compteur des 7 vies du chat,
que je ne suis pas ?

Maman va bien. Maman va mieux.
Maman a arreté de prendre ses médicaments.
Une joie.
Puis, au fond de l’éprouvette des quelques heures passées là,
les sédiments se posent.
C’est avec ce qui reste en surface que je m’enfuis de ce lieu que je déteste tant.
De tant l’aimer.
La haine. La colère. Le mépris. Les mensonges à ciel ouvert.
Les larmes s’accrochent au bord des paupières et le visage se crispe.
Fuir. Vite, vite, avant de devoir dire pourquoi…
Trop tard.
Tu me fais chier, maman.
Vous me faites chier tous les deux.
Arrête tes conneries.
Voilà ce que j’ai laissé, comme je suis partie.

Peu de pourquoi, ma soeur connaît les réponses.
Maman, en pleine forme, porte sur elle les raisons de l’échec de sa vie.
Maman a échoué.
Maman n’est plus.
Maman ne reviendra pas.
Maman, dans toute sa mauvaise foi.
Maman qui me ment, maman qui aimerait une autre vie, qu’elle n’aura pas.
Maman qui s’énerve contre papa.
Papa qui redevient celui d’autrefois.
Celui que maman n’aime pas.
Celui auquel j’aurais voulu gueuler qu’on ne crache pas au visage de ceux qui nous ont aidés, quand tout était au plus bas.
Papa le martyre de la société. Papa la victime de ceux qui ne travaillent pas autant que lui.
Papa le jaloux de ceux qui ont un compte en banque plus rempli que le sien.

Je les ai détestés. Profondément.
De me faire vivre ça, en quelques heures.
Après cinq cent kilomètres. Et plus de cinq mois.

J’ai trouvé des réponses.
Qui ne me plaisent pas.
Notamment que les rêves ont un prix.
Celui d’abandonner ceux qui ne savent pas les faire briller.

Risque et responsabilités

Prendre des responsabilités, choisir de construire une famille, faire un pari sur un avenir à deux, à trois, à cinq, décider de devenir responsable d’une autre vie que la sienne n’est -il pas le plus beau danger que l’on puisse risquer ?

Sur ce, je m’en vais cotoyer un couple d’adultes parents du plus beau petit monstre de la terre afin de réfléchir posément sur le sens de ma vie et je vous souhaite un beau week-end.

Les mouettes sont de retour

C’est quand même bizarre cette impression d’avoir du liquide qui s’épanche tranquillement dans ma cavité cérébrale.
Floc. Je tourne la tête.
Sploutch. Brusque changement de direction.
Et quand ma tête lourde se plie vers l’arrière pour se poser sur le haut du dossier qu’est jamais assez haut (j’ai pas un fauteuil de riche, moi, môssieur), je croirais entendre la mer.

Ha, au fait, j’ai mal à la gorge aussi.

Et non, j’aurais pas pu vous dire tout simplement que je crois que je suis en train de tomber malade, parce que ça fait encore plus quiche.