16h56. Y’a comme un pigeon dans mon téléphone.
17h51. Je me liquéfie lentement devant mon bureau.
Si j’devais devenir vieille là maintenant et me mettre à faire des collections, j’voudrais faire une collection de bouts de toi, tout vifs et tout frais, tout le temps. J’voudrais afficher dans mes paupières les photos de quand t’es heureux. Epingler tes sourires et les accrocher à mon oreille. Et puis en rajouter, tout le temps.
Il doit bien exister un moyen pour pas s’asphyxier, hein…
Il doit bien en exister un…
Le monde a tourné vite en deux semaines. Y’a eu au moins cinq révolutions qui se sont succédées. Toutes ont eu le temps d’installer leur nouveau gouvernement, de tuer le précédent et de se faire remplacer. Toutes ont eu le temps de mettre à éxécution leur plan quinquennal. Et toutes s’y sont acharnées.
Tout cela ne me dira pas pourtant de quoi sera fait demain.
Un indice cependant. « Grand vent d’instabilité. A vous de gérer. »
15 juin 2006.
Publication le 23 mai 2007. Titre d’origine conservé.
Je ressors les brouillons, les vieux papiers qui trainent. Faire du tri, vider, archiver, nettoyer, récurer. S’user l’éponge sur les incrustations minérales qui auréolent la mémoire. Jeter un bouton de rose poussiéreux. ça se passe pas au swiffer ces trucs-là. ça vieillit, ça crève, ça sèche. Les éléments se posent dessus, s’insèrent dedans, on lui sourit, on le sublime. Et un jour on le jette.
Faut juste arrêter de se considérer comme un entassement de passés. Juste se mettre en colère pour une bonne raison. Au moins une fois.
Contre la poussière, par exemple.