On en parlait déjà, y’a plusieurs années. On émettait des doutes sur les pourquoi, les comment. Par pur optimisme. Réflexe de survie de la conscience collective, qui refuse de crever dans sa peur, comme une mouette dans son or noir.
Il n’y a pas un jour qui s’écoule sans me déverser sur la tronche son lot de dégoût, franche amertume des lendemains de fête. On s’est bien marrés. On s’est bien éclatés. On a poussé les limites tant qu’on a pu.
Quand l’humanité sortira t’elle de la crise d’adolescence ? Dites-moi ?
Je les admire, ces gens, capables de parler de cela. Moi je n’y arrive pas. Eponge je suis, éponge je resterai. Dans mon plan personnel, j’absorbe, je mange, j’avale la vie, je digère le monde. Et on m’a toujours dit que c’était pas poli de parler en mangeant. D’autant plus quand la nourriture que l’on ingurgite a déjà un goût de gastro. Oui, la gastro a un goût. Celui qui vous reste dans la bouche après avoir tout rendu.
Je digresse. Désolée. Mais je n’y arrive pas, à parler de cela. Je n’y arrive pas à rester zen. Nous n’avons aucune importance. Et pourtant, nous pesons tellement lourds dans la balance. L’humanité. Adolescente obèse en attente d’implosion. Poisson asphyxié qui se fait dorer le ventre au soleil. L’heureux de vivre qu’est en train de crever.
Vous voyez ? Je n’y arrive pas. Tout ce qui me sort de la bouche, ce sont des images. Des flots d’écoeurement, que je ne veux d’ailleurs pas endiguer. Ici, j’ai le droit de tout recracher. Et puis qui a besoin de détails et d’explication, de justification et de démonstrations, quand la seule chose qui compte, c’est de survivre ?
Opération démazoutage pour petit organisme vivant perdu dans une grande flaque noire. Ou comment finir sur une goutte d’optimisme et de beauté.
Moi j’aime les détails, les scabreux de preference, ceux qui font fremir et apprecier d’autant plus notre béantitude imbécile retrouvée…
Mais il ne faut pas rester zen …justement … il y a trop de monde qui, sous prétexte que les autres ne bougent pas ou ne disent rien, font la même chose ! Non pas par solidarité …mais plutôt par peur de devenir responsable …
L’humanité est une adolescente obèse irresponsable d’un côté et, d’un autre côté un bébé décharné qui essaye de trouver de l’eau entre les grains de sable.
Détruire ce que l’homme n’arrive pas à dominer semble être son seul but …
malheureusement … et hideusement …