Ma petite cuillère et moi.

J’me suis regardée en train de manger mon yaourt.
Tain. J’ai l’air d’une névropathe psychotique.
Un coup de cuillère. La cuillère dans la bouche. J’avale et je tourne le pot d’un quart de tour dans le sens contraire des aiguilles d’une montre.
Re – coup de cuillère. La cuillère dans la bouche. J’avale et je tourne le pot suivant le même processus.
Et re. Et re re. Et encore. Et ça, jusqu’à la fin du pot.

Mon pot de compote est devant moi. Il m’attend. Je me demande si je vais le faire tourner lui aussi.
Bordel. Comment est-ce que je vais manger ma compote…

Un poids en moins sur l’estomac. La faim revient peu à peu.
Je fais le deuil de mes espérances folles. J’ai cru toucher l’âme soeur. J’ai cru pouvoir croire en son existence. J’ai cru faire revivre celui qui est mort, et qui, sûrement, n’a jamais existé. Mon jumeau.
Un mirage.
Ce n’était qu’un mirage.
J’ai de la magie dans la tête. Je ne sais plus quoi en faire, enfermée dans ma boîte de conserves. Ma maison. Mon lieu de survie.
J’ai de la magie dans la tête, et il me faut me battre pour la rendre vivante, matérielle, réelle.

Si tu ne croyais pas en moi, toi, je crois que je n’aurais pas la force…
Mais tu y crois.
Et c’est aussi pour cela que ta place reste toujours chaude dans mon coeur.

Je viens de me regarder manger ma compote.
Je suis rassurée, les rotations sont moins régulières. On dirait presque qu’il y a une place pour l’aléatoire dans ma dégustation.
Sauf que je nettoie consciencieusement les bords du pot à chaque passage.

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