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J’écoute ma soeur et mon beau-frère au téléphone. Je subis chacune de leurs remarques comme de nouveaux assauts contre ma piètre énergie. J’encaisse les coups qui jaillissent comme un feu d’artifice sur le lac. Sauf que le lac est remplacé par un panorama aux couleurs mélangées de vie sentimentale sans les fleurs, de vie professionnelle triste comme une source tarie, d’environnement non métaphorique de champs inertes et au milieu desquels mon existence elle-même finit par me sembler absurde, sans que je sache si ce sont les betteraves qui me déteignent dessus ou bien si c’est la déprime qui colore tout en bleu nuit.
J’encaisse les coups sans répondre et quand on me demande de faire savoir que quelqu’un est encore au bout du fil, je me casse. Je me brise en petites particules coupantes et m’en vais trancher les pensées qui s’emmêlent en croyant me battre contre les serpents de la Gorgone. Explosion de colère, de frustation et de questions trop nombreuses.
Peut-être était-ce le seul moyen pour moi de lui donner de mes nouvelles. De lui parler de ce que je deviens. De lui dire que je vais, mais pas bien loin. Peut-être que je ne sais plus à qui demander d’être simplement là. Peut -être que mon sentiment d’impuissance face à cette vie que je mène, que je sais juger, que je sais jauger, mais que je suis incapable de diriger, avait tout simplement besoin d’éclater encore une fois, de tout éclabousser.
La paralysie laisse les larmes sécher à même la peau, dans le cou, collées aux cheveux. Il me faudra quelques heures pour me remettre, sans que l’eau ait vraiment pu permettre de nettoyer quoi que ce soit. Mais Méduse a eu sa liqueur, la voilà apaisée.
Je le sais bien que vous avez raison de me mettre en garde contre des choix trop vite pris, contre l’urgence impalpable qui me ronge, contre des décisions irréfléchies. (Quelle ironie… !).
Mais de quelle couleur est le bon fil ? Et où c’est que je peux trouver de la confiance en soi dans ce grand marché noir et sans lumière que je me suis bâti en guise de raison ?

It doesn’t rain

Bon, si tu pouvais te la fermer un peu, que je m’entende penser quoi. Que j’arrive à écouter la voix de celle qui chuchotte dans un coin de l’hémisphère droit. Celle qui devrait un jour se décider à dire un truc du genre : « Je veux ça ». Mais en un peu plus précis quand même. Genre, c’est pas comme si t’avais des choix importants pour notre avenir à faire, mais un peu tout comme.
Je veux ça…
Je veux ça…
Je veux quoi…
Et que faire des influences ?
Stop stop. Sinon, t’en arrives encore à « je suis qui » et alors ça, c’est pas bon du tout comme chemin.
Un bol de céréales et du Klokobetz, direction Ridan. On se calme et on laisse décanter. Quand il a fallu avancer, je l’ai toujours fait. Si je n’y arrive pas aujourd’hui, c’est qu’il ya un problème quelque part. No stress. On discerne, on observe, on calcule. Je le saurai quand il faudra, hein ? Oui… Je le saurai.