Tsunami

J’ai écumé et fait passé dans mes filets des tas de petits poissons tout mignons.
J’ai mangé ceux qui me donnaient faim, remis à la mer ceux qui me semblaient bien petits. J’ai même commencé à apprendre à dire non à ceux qui ne demandaient qu’à se laisser bouffer.
Quel constat d’échec…
Un seul pas vers moi et me voilà prête à replonger dans la nasse qu’il m’a fallu tant d’énergie pour quitter.
Je te vois venir. Gros comme un poisson.
Mais qu’est-ce que tu comptes faire de moi ? Moi qui réponds au moindre claquement de tes doigts.
J’me sens toute petite, minuscule. Et j’ai qu’une envie, aller me blottir dans tes bras.
Tes bras qu’il m’a fallu tant de poissons pour oublier.
Le vin n’aide pas… Et je sors du restau.
Tu sais quoi ? Menu sushi. Poisson cru.
J’m’en sors pas. Tu vois.
Un petit pas vers moi et c’est le tsunami qui m’aborde. Déjà j’y suis. Déjà je me laisse emporter.
J’en suis à quarante « putain » à la minute.
Tu vois, ce mot, c’est mon constat d’échec à moi. Moi qui ne réussis pas à t’oublier.
Ni toi. Ni tes bras. Ni le plaisir de tes assauts.
Moi qui comptais sur le temps qui coule, au rythme des calmes marées.
Il ne me reste qu’à aller dormir. En espérant qu’avec le jour prochain, mes bonnes résolutions de petits poissons seront revenues. Parce que là, de suite, j’ai peur.
Un seul claquement de tes doigts et je suis déjà dans tes bras.
Et je sais maintenant combien il est difficile de revenir sur la terre ferme alors que tu m’as dévorée.