Entre un petit moi et un grand tout, il y a déjà les mots qui se posent là. Ils prennent leurs aises et leurs « ismes » et comblent le vide qui devrait être utilisé pour des choses beaucoup plus constructives.
Parce que j’en ai rien à cirer du féminisme, du communautarisme, du gauchisme, du syndicalisme ou de l’humanisme. On a collé des mots là où seul le signifié est vertueux.
Et pire, certains considèrent que se placer du côté d’un mot nous oppose forcément au camp du mot d’en face, ou à celui du dessus ou du dessous. Y’a des sens, des hiérarchies, des valeurs, et au bout du compte, le bien et le mal de quelqu’un qui regarde ça en riant. Bordel, quelle merde ils ont fini par mettre.
ça m’arrangerait bien de n’appartenir à aucune catégorie.
Le truc qui me gène dans les catégories, c’est qu’on y colle jamais vraiment complètement. Et que quand on colle pas au groupe, on finit par faire tâche.
Mais ne vous inquiétez pas : Vous aussi vous êtes tous des tâches. Vous n’osez simplement pas vous l’avouer. Et pourtant, il faut vous faire un peu confiance, que diable !
Je ne suis décidément pas à l’aise dans le registre des généralités. J’ai toujours peur d’oublier quelqu’un. Et la règle veut que les généralités oublient toujours quelqu’un. Vous avez remarqué que c’est souvent vous ? Bravo, vous êtes sur la bonne voie pour devenir tâche.
Quitte à choisir, faudrait qu’on choisisse tous d’être des tâches d’huile : Il n’ y a rien de plus beau que la fusion des gouttes d’huile à la surface de l’eau. On serait beaux à flotter au milieu de la planète bleue.
J’avais dix mille autres choses à écrire, mais j’ose plus. Y’a trop de choses que j’ose plus, ou que j’ai jamais osées. Le trouillisme est relativement parfait pour me caractériser. Pourtant, je fais bien comme tous les autres cons de la planète, parfois j’ose. Mais bon, faut voir aussi après où ça nous mène. Je peux pas dire que ça ait été une réussite sur tous les plans. A propos de plan, maintenant que j’ai bien plané dans ma trouille, j’essaye de redescendre sur terre. C’est pas marrant de vivre en ayant peur de crever, ou de perdre un être aimé. C’est pas très drôle d’y penser tous les jours, en tache de fond. C’est assez fatigant. Même s’il est d’une beauté à crever, avec ses rides et ses poils sur le nez. J’étais touchée. Pis j’ai coulé. Mais bon, je vous ai pas attendus pour remonter.
Y’a quelqu’un qu’il faudrait que j’invite à boire un café. Un verre avec un truc dedans. N’importe quoi. Mais mon trouillisme me bloque un peu le système central. Un peu comme à quinze ans. C’est bien la peine de se faire chier à apprendre les leçons de la vie, tiens.
Peut-être aussi que je suis un peu trouillée. C’est là où on est content de se prendre pour une tâche d’huile. ça aide à faire glisser. Pis ça fait pas de mal de croire un peu en la fusion de temps en temps.
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