Aujourd’hui, je t’écris pour te laisser parler et t’en mettre plein la gueule. L’heure de la digestion. Aujourd’hui, j’ai envie de tuer et de te laisser crier.
Pour le simple plaisir d’écrire ces mots. Le cri, la craie. Tuer, tu es. Le grincement du couteau dans l’assiette où nous trônons comme des mets délicats.
Y’a quelque chose de pas juste. Alors on va se faire justice.
C’est dégueulasse d’avoir des pensées comme ça. C’est dégueulasse et ça fait mal à l’intérieur.
Coucou Schopenhauer. L’homme est un loup pour l’homme et c’est vrai que tu ne me laisses jamais seule. Il y a de ces moments où il faut que ça ronge de l’intérieur. Qu’est-ce qui est en train de te dévorer ? L’entends-tu avancer à pas feutrés ? L’entends-tu seulement quand il hurle dans tes oreilles qu’il est là pour te dépecer ?
Je ne cherche pas à te déranger, cher lecteur, et ta place n’est pas ici si tel est le cas.
Ici, c’est le lieu de la boucherie. Où je fantasme de sang et de tripes, de larmes et de cris. Ici, c’est le lieu où tout m’est permis puisque rien n’a sa place dans le monde que je veux créer autour de moi. Mais dans les mots, ce pays magique où les doigts courent sur le clavier en tapant des lettres, tout doit trouver sa place. Je n’ai plus envie de fermer les yeux sur ce que je n’aimerais plus voir. Tu as le droit de t’exprimer, chère part sombre de moi.
J’aimerais que tu sois pendu par les pieds et que tu te vides de ton sang. J’aimerais plonger la main dans ta poitrine et t’arracher le coeur. J’aimerais ouvrir ce corps et fouiller dedans pour découvrir ce qui se cache à l’intérieur. Je serais affreusement déçue de n’y trouver que ce qui compose le mien.
De la chair et du sang. Des valves, des liquides, de la merde en composition, des os, de la lymphe, des boyaux, des tuyaux qui se tiennent ensemble et forment un être humain.
C’est bien matériel tout ça. Et ça n’apporte pas beaucoup de réponses. Une voiture en pièces détachées. Un petit piano qui a joué de la musique avant d’être brisé et démonté.
Où est ton âme ? De quoi est-elle faite ? Quelle énergie dégage t’elle ? De quelle couleur est-elle ?
Voilà, c’est terminé. La chair ne me passionne pas. Surtout quand elle ne joue plus de musique, sans donner de réponses.
J’ai quelque chose à prouver, mais à qui ? La seule personne qui a le droit de pisser sur ces murs-là, c’est moi. C’est mon cocon de merde, ma prison, ma prairie de fleurs, mon chez-moi.
Ta réalité et tes croyances n’ont rien à faire là et je n’en veux pas. Si tu t’approches trop près et que tes couleurs commencent à déteindre sur mon arc-en-ciel, ma caresse va sortir ses griffes et lacérer ton corps. Ton visage. Est-ce cela, la justice que tu attends ?
Quand je rêve de te voir crever, je me tue un peu plus. Quand tu me fais crever, tu te lacères un peu plus.
Qui es-tu ? Chère part sombre, cher lecteur, cher auteur ? Où sont les limites qui nous séparent, vous et moi ?
Il existe un pays imaginaire où je vis au milieu de gens. Je ne distingue encore pas très bien ce qui fait partie de moi et ce qui fait partie d’eux. J’apprends seulement à démêler les fils et dénouer les boyaux de couleur.
J’ai une furieuse envie d’aimer ce pays imaginaire et les gens qui le composent. Sans rien voler à personne. Sans qu’on ne me vole rien. Ce n’est pas que tout soit soumis à la notion de propriété. C’est simplement qu’ici, on donne, on offre, on propose, on aime et les autres interactions n’ont pas leur place.
Il aura fallu que je me morcelle pour découvrir la beauté de ma plénitude. Unique et entière.
Je serai gardienne de mes couleurs sacrées, de mes printemps, de mes lumières, de ma prairie en fleurs. J’ai compris que parfois, j’offre du orange et je récupère du souffre caca d’oie.
Nous ne nous perdrons plus, nous transformerons. Et la vie trouvera son chemin.
Tu n’as plus ta place dans ma réalité si ta part sombre n’est pas capable d’aimer plus loin que le boyau de merde que nous sommes.
Je t’aime quand même, comme ça, avec la merde sous les fleurs, que tu le veuilles ou pas.
Moi non plus, je ne crois pas aux coïncidences.