Pourquoi pas ?

Qui cela dérange t’il
De là-haut ou d’ici-bas
Que je voie la vie en rose
Ou en gris à petits pois ?

Sortir du lit relève d’un soleil
Une brume intérieure parée d’un sourire
La mare occupée à broyer du noir
Pendant qu’à petits coups de honte
Gerçures, morsures, brisures
L’enfant construit ses traumas.

Une main virile agrippe l’épaule du petit grand
Qui prendra pour les autres.
Elles apprendront.
Elle apprendra qu’on ne peut sortir indemne
De grandir dans le petit lit trop étroit.
Elles apprendront qu’il fait mal de rire et d’être enfant
quand la loi qui règne est celle du parent dévorant.

La joie des autres parfois brûle la chair comme un souvenir trop délicat
Une bille de plomb avalée de travers
Déchire les intérieurs et reste figée dans son envie
C’est une pépite d’or, lourde comme la colère, qu’elle vomira.

Un jour est venu où l’on va se baigner dans la mare
Trop occupée à se noyer dans son monde imaginaire
Pendant qu’à petits coups d’arc bandé des grands chemins
Le gentil voisin mène la petite fille au fond du jardin.

Sortir du lit relève d’un mystère
Un bleu intérieur paré d’un sourire
La mare occupée à brasser de l’air
Veillant à ce que sa chère progéniture
à petits coups de chantage
Gerçures, morsures, brisures
Reste enfermée dans son giron.

Qui cela dérange t’il
De là-haut ou d’ici-bas
Que je voie la vie en noir
Ou en rose à petits pois ?