J’aimerais que le deuil passe. Qu’il passe comme s’il n’avait jamais existé. Arracher la page avant de la lire, sans avoir à ingurgiter chacun des mots qui composent les paragraphes désordonnés.
Qui es-tu, mon aimant ? Mon cher coeur d’énergie qui m’attire dans des contrées où j’ai peur de me rendre ? Me rendre à qui, à quoi ? Au vide, constamment.
Mon aimant contre lequel je lutte. Lequel de nous deux n’aime pas l’autre ?
Je déteste ce sentiment d’impuissance, ce mélange détonnant de colère et de frustration. Je le déteste, et c’est bien pour ça que je me vautre dedans. Il me faut décortiquer, sans relâche, pour enfin pouvoir me lasser et arracher ce que tu as oublié en moi. Je t’abandonnerai ensuite sur le bord du chemin, meurtri et désolé. J’en suis capable. Je me rêve dans le rôle de l’abandonnée.
Comment est-il possible d’accepter que je n’y peux rien ?
Je me raccroche à mon vide, mon fidèle et constant vide. Je rêve de te gifler, de te lacérer le dos pour que tu comprennes que tu n’as pas le droit de ne pas m’aimer, mon cher aimant. Je me frustre de ne pas le faire. C’est pas grave, je nourrirai ce besoin autrement.
Qui ne nous deux est le porc qui a envie d’être humilié ? Les frontières n’ont jamais été claires entre l’autre et moi. J’ai tant de mal à distinguer ce qui m’appartient de ce que je viens trouver en toi. Le tout forme une mélodie âpre sous les doigts, comme un gâteau sec que d’autres ont léché avant moi.
Comment accepter de ne pas être le centre du monde ?
Mon maître magnétique. J’ai envie de t’étouffer avec mon sexe, de te voir gigoter, les yeux exorbités. Qui de nous deux domine l’autre ?
Si je ne lutte pas, c’est parce que je me sens la capacité de tout détruire. De tuer toute vie autour de moi. La part créatrice a aussi le pouvoir d’exterminer. La part de vie est sans pitié. Elle fait naître, elle fait mourir.
Comment accepter d’être toute puissante ?
Mon point d’équilibre est quelque part par là, entre vie et mort. Entre tout et rien. Aussi lucide que je puisse être, je naviguerai toujours en aveugle, guidée par mon seul aimant.
Fidèle au Nord.
J’irai donc au Sud. Pour lire la page, ingurgiter chacune des émotions qui composent mes paragraphes désordonnés.
Je t’aime, boîte de Pandore aimantée.