Tant pis pour l’heure et demi de plus que j’ai mise pour rejoindre Saulieu vendredi soir. Tant pis pour le plan que j’avais imprimé. Tant pis pour la route rapide que je n’ai pas prise. Tant pis pour le temps que je n’ai pas gagné.
ça ne se gagne pas, le temps, ça se dépense juste différemment.
Je me suis perdue. Un peu volontairement. J’ai choisi le chemin buisonnier, la route des écoliers. J’ai emprunté quelques-unes des mêmes routes que j’ai eu tant de plaisir à parcourir à l’arrière d’une moto, il ya quelques semaines. J’ai laissé la pluie entrer dans ma voiture et me rafraîchir l’épaule. J’ai regardé le soleil, accroché par la tête à un nuage bleu qui le cachait à moitié, se noyer dans son bain d’infrarouges. J’ai vu des collines d’orge ou de velours qui se font câlines sous le vent. J’ai souri devant des arbres solitaires, plantés au milieu de rien. Dressés au centre de tout. J’ai scruté les nuages gris, les nuages blancs et les bleus aussi. Me suis pliée à leurs colères, soumise et timide mais sans baisser les yeux.
J’ai pris mon temps. Je compte bien continuer. Tant qu’il m’en reste.
Je me dis parfois que peut-être, je ne pourrai pas aller plus loin. Peut-être que je suis arrivée au bout du chemin. Besoin de partir. Plus que jamais.