Manque

Si vous saviez comme j’ai envie d’une course de caddie dans un supermarché, maintenant, là, tout de suite.
D’une bataille de cacahouètes, d’un château de sable, d’une joute verbale !
Ou bien d’une valse dans le métro (plutôt ce soir minuit on va dire).
Pourquoi n’êtes vous pas capable de m’amuser, monsieur ? Pourquoi ne faites-vous que m’ennuyer ?
J’ai envie de me prendre une grosse branlée au billard moi ! Me mettre en colère, jouer la fureur de la mauvaise perdante !
Et finir dans des bras, pour essayer de commencer.
Songer à coller un avenir sur de nouveaux sourires d’un passé futur.
J’ai trop ri, trop joué, trop chanté et trop dansé déjà pour vous laisser me noyer dans un tiroir gris bien rangé.
Vous m’ennuyez monsieur, et j’ai tant besoin de rire…

Shaünipul

Il m’a dit pourquoi pas
Pourquoi ne pas de préférence s’attacher à une chanson
Ou à un lieu ?
Le problème, mon bon monsieur, c’est que je ne m’attache pas
Je m’accroche. C’est si bon, ta griffe sur mes peaux.
Depuis Onze Minutes, je n’ai de cesse de remarquer cette proximité
entre gifle et caresse. Claqueresse. Ta chair fait tout le lien.
Organique. Se remuer les tripes.
Orgasmique. Je n’ai pas envie de chercher la différence.
Mon bon monsieur, j’ai suivi vos conseils.
Je me gave d’une musique depuis vingt-quatre heures.
Encore Nosfell, me direz-vous. Et vous aurez raison.
Tolkien de la musique. Être imaginaire qui se ballade entre des cordes et deux marteaux.
Je voyage depuis hier.
J’en profite pour me jauger. Resituer. Evaluer la distance
Entre la douleur et l’indifférence. Encore un peu tôt pour le bain de soleil. Attendre la joie.
Et penser à lui, toujours. Dire qu’il brille tant et que je suis incapable de regarder sa lumière.
Trop intense, j’en deviens aveugle. Trop faible, je sais qu’elle s’éloigne.
Et l’autre aussi, qui pense sûrement à moi, et qui m’ennuie, aussi pour ça.
Anyway. La joie attend avec moi.
Et on voyage au-dessus des Enfers et de l’Humanité, guidées par des cordes et deux marteaux.
Tu Klokochazia.
J’ai hâte de retrouver la plume… Si tout est permis dans notre amas de chair créatrice, peut -être la reverrais-je dans ma tête, où je l’ai posée…

La seconde personne en pantalon que vous fûtes à bec

Je sais même plus où j’en clique tellement tu fuses
Et ça part dans tous les sens, c’est ça qu’est si doux
Le film de l’homme bon, le livreur de courrier sage et docile
L’homme qui ne porte que trois lettres en guise de matricule
Et bien sûr quelques chiffres. Que serait une vie en société
Bien organisée, propre et écrasante, sans quelques chiffres ?
L’homme qui ne porte que la candeur au fond de ses yeux
Tellement il est amoureux. L’homme qui sut grandir,
Il fut heureux.
Nosfell maintenant, passions du film à l’oreille.
Un génie qui me laisse perplexe tellement il est évident
Qu’il vient d’une autre planète, si proche, inexplorable.
Non, non, n’explorons pas. Laissons la curiosité engendrer
L’imagination. Laissons travailler les fibres organiques.
Et inventons l’enfer, ses pavés, et ses caressantes attentions.
A force de frustration, nous deviendrons grands.
L’Evangile selon saint Pape. Dieu revu et corrigé.
Mais quel plaisir … Si ma chair m’intimide et m’effraie
C’est une chouette imploration que voilà.
A l’intérieur, bien au fond, bien cachée.
Il est temps pour moi d’à nouveau fermer les rideaux
Pas la peine que quiconque regarde ce qu’il se spasse
Là. Je réapprends mon pied, par les cinq orteils.
En solitaire.
« Ma fille ? Pas indépendante ?! » Le père, doux ironique.
« Et votre bonheur à vous, vous avez pensé à vous le souhaiter ? »
Le psy m’assène la seconde personne que je suis.
Il y a encore quelqu’un qui croit, ici.
Une première personne, par là. En nerfs et passions.
Face à la montagne, la souris, le moulin, mélomane.
Elle a su affronter. Elle saura.
Faut juste retrouver l’adresse.
Défoncer la porte.
Bordel, je vas sortir de là oui ?!

Jane Doe

Je voudrais savoir de quoi je cherche à me punir en acceptant d’aller au cine avec ce type aussi amusant qu’une couronne funéraire.
Finir de me dégouter d’Orléans en me disant qu’il n’ y a qu’une seule occupation sociale valable : s’y rouler dans la médiocrité et l’ennui.
J’ai encore bouffé tous mes ongles cette semaine. La main gauche lundi dernier. La main droite mardi. Et je guette ceux qui essaieraient de repousser, minutieusement. J’attaque le point faible, sur le côté, et je les arrache suivant la méthode ouvre-boîte. Je constate que je redouble d’énergie quand il s’agit d’un travail de sape.
Rien d’intéressant à dire, rien à tirer de la réalité. Pas de fruits dont je pourrais tirer le jus, pas de nourriture. Pas de plaisir, pas envie de plaisir. Pas d’écriture motivante. Pas de dynamique.
Cet entre-deux est des plus désagréables. Ni complètement dépressive, ni énergique. Mon travail me tire de ma léthargie 28 heures par semaine. Et je ne sais plus ce que je fais du reste.
Je hais le lundi. Mais pas pour les mêmes raisons que toi.
Le lundi me tire vers le bas. Il me conduit toujours vers l’ennui total, vers l’évidence de mon échec professionnel. Vers la défaillance de ma conduite de vie. Quand les autres démarrent, je m’enfonce dans la fin du week-end, trop long. Reposant, certes. Un week-end qui me permet de lire. Tiens, je prévois même de me faire un petit concert en solo samedi prochain. Je commence vraiment à aimer me noyer dans la masse. Je suis surement faite pour disparaître entre du vert d’eau et du gris. Finir en Jane Doe. Sans doute une de mes plus grandes peurs.
Le lundi est le jour où je devrais. Et où je ne fais jamais. Le jour qui recommence éternellement. Le jour qui coince. Le jour qui grince et me fait sentir sale. Le jour qui ne devrait pas être celui d’une fin, mais celui d’un début. Qui ne vient pas. Qui ne viendra jamais seul si je ne vais pas à lui. Et de ma tête, tout est tellement loin.

Et sinon, ça va bien quoi.

« – Je ne veux pas être comme ma mère.
– Essayez de ne pas être négative, voyez les choses différemment, tournez les autrement…
-Euh… Je veux être différente de ma mère ?
-J’ai dit POSITIF ! Fixez vous un objectif POSITIF ! »

Positif. Ha oui. Ok. J’ai pigé.
Je ne dis pas : « j’ai fui ma ville d’origine, ma mère dépressive et mon ex schyzophrène et je me suis retrouvée dans le trou-du-cul de la France parce que j’avais aussi trop peur d’aller vivre à Paris »; mais :  » J’ai cherché activement un premier emploi dans une région agriculturellement attrayante qui m’a permis d’affirmer mon indépendance vis à vis de mes proches. »
Oups. Non. Rayer la dernière proposition de la phrase.

Donc, je ne dois pas dire « je veux être différente de ma mère », mais « je veux être Lynette Scavo dans Desperate Housewives ».
Wah putain, l’objectif… C’est pas un fossé qu’il y a à franchir, c’est juste la faille de San Andreas à remonter depuis le manteau inférieur.

D’ailleurs, c’est ce qu’il a du se dire lui aussi, même s’il n’en a rien à foutre de qui est Lynette Scavo dans Desperate Housewives, parce qu’il a eu l’air un peu contrarié de ne pas pouvoir me recevoir de nouveau avant quinze jours.

« Ce serait beaucoup mieux qu’on se voit toutes les semaines pendant … quelques temps… »

Ok. J’ai pigé, ça, aussi. Je suis embauchée dans la clientèle récurrente.
Quelque part, tant que j’aurais l’impression de lui mentir si je lui disais « JE VAIS BIEN ! », dans le meilleur des cas, ou de façon plus réaliste que « nan mais SINON, ça va super bien hein », j’accorde à son avis tout le bénéfice du doute.

Héritage

On me l’a sacrément bien ancrée dans la tête cette putain de morale, je dois bien l’avouer. Ha ça, j’en ai hérité de vos valeurs. Et pas que des meilleures.
J’en arrive à culpabiliser même d’écrire. Parce que ce n’est pas l’essentiel. Parce que ce n’est pas productif. Parce que ça ne nourrit personne.
Et aussi parce que la bulle est percée.
Je ne me sens plus en sécurité ici.
Tout s’en échappe et s’écoule, ailleurs.
Mon degré de susceptibilité va croissant de jour en jour. Alternant comme d’habitude avec un effacement total. Sortir la tête de la carapace, c’est risquer de se prendre une noix de coco sur la tronche. Et surtout, risquer de répliquer au lance-flammes pour éradiquer les cocotiers.
Alors je reste à l’intérieur.
Aussi parce que ma place doit être la plus petite possible, et ne surtout jamais déranger les autres.

Si au moins la chaise était musicale, je m’en irais en chantant.
Mais ce soir encore, ce n’est qu’un fauteuil silencieux qui m’attend.

In the submarine

Quelle étourdie ! Je suis partie en oubliant la moitié de mes affaires derrière moi.
Je suis partie en oubliant d’arrêter de rire pendant six mois.
Je suis partie heureuse car ce que j’oubliais était en sécurité chez toi.
Je suis partie le sourire aux lèvres, et l’avenir en liberté.
Je suis partie gagnante de notre complicité.

Quelle étourdie ! Je suis partie en oubliant de te quitter !
ça pouvait pas durer d’oublier ça.
ça pouvait pas continuer de chanter.
Quelle étourdie tu me diras
de croire qu’on peut tout transformer.

Je regarde la facture trop longue pour moi
J’me dis qu’il est temps d’arrêter de claquer comme ça.
Avec un coeur vidé, toujours dans le rouge
Y’en a pas un seul qui signera pour le prêt.

Quelle étourdie ! J’ai oublié de m’enfuir pour une fois.
Je sais bien que j’allais bien avec la déco,
Mais maintenant, faudrait me rendre à ma propriétaire.
Elle se sent vide sans moi, elle a froid sans ses affaires.

Quelle étourdie ! La fenêtre est restée ouverte,
La pluie drue est entrée. Et voilà mon rire éteint
Qui flotte dans l’inondation, au milieu de quelques espoirs
Lessivés. Tu crois qu’y’a quelque chose à sauver ?

Quelle étourdie ! J’avais pensé m’en être sacrément bien sortie,
J’avais aussi oublié les grandes marées. Celles qui font remonter
Dans les yeux les vieux trucs qu’on pensait enterrés.
Quelle étourdie ! J’avais oublié de te quitter.

J’aurais bien aimé te laisser quelques étoiles,
Mais maintenant, de toute façon, ça vaut plus rien.
Faut juste que je remette mon coeur sur le chargeur.
Et que je m’en aille, loin.

Un peu de pluie, jamais assez.

Prête à n’importe quoi pour echapper à mon devoir… Je viens de mettre les mains dans le cambouis pour mettre à jour (enfin…) mon wordpress. J’avais pas sommeil en rentrant à 6h à la maison. Je n’ai d’ailleurs pas plus sommeil maintenant.
Bon, c’est un peu le bordel dans les colonnes pour l’instant, je ferai du rangement plus tard. Après être allée dormir un peu.
C’est étrange comme on peut se faire des montagnes de choses toutes souris. C’était pas si compliqué que ça. Rien n’est jamais si compliqué que dans la conception que l’on peut s’en faire, quand on a le cerveau programmé pour avoir la trouille.
D’ailleurs, je crois que je suis à nouveau en train de fuir le sommeil, depuis quelques nuits. Bien sûr, la chatte noctambule hurlante en chaleur et le chien piss’partout dont j’ai la garde ces jours y mettent du leur pour m’y aider grandement. Mais j’ai pas très envie de mes rêves à vrai dire. Pas très envie de vérifier une nuit de plus que mon envie profonde est de fuir toute forme de société. Pas très envie de me confronter à moi-même. Moi-même et mon amour, dont je ne sais plus quoi faire tellement il m’encombre et me perturbe.
J’aimerais tous vous mettre à la poubelle en fait. Vous tous, qui me pesez sur les neurones et le coeur. Vous plonger dans l’ether et vous noyer dans la rivière, mes chers petits chatons.
En attendant, je regarde les menaces flotter doucement au fil de l’eau qui tombe du ciel. Dans leur petit panier d’osier. Je me prends à rêver de la disparition de ce berceau. Et ça m’apaise.

Trop classe la descente de lit

Chéri j'adore la nouvelle descente de lit

J’en meurs d’envie moi aussi. Partir chasser le fossile dans les steppes d’Asie centrale. (Qu’aucun de mes assidus lecteurs ne se sente visé.)
Mais d’autres projets m’attendent. Vous allez rire : je ne suis toujours pas assez égocentrique ni narcissique. Alors je vais me prendre le pouls pendant quelques temps. Jusqu’à ce que mes mains bougent.
Oublier un peu le monde autour. Arrêter de parler, arrêter de refléchir. Jusqu’à ce que mes mains bougent.
Laisser mon coeur se reposer à l’ombre du désintérêt salvateur, ce grand feuillu.
Arrêter les promesses vaines. Celles que je me fais. Jusqu’à ce que mes mains bougent.
Et faire bouger mes mains, ce n’est pas une promesse. C’est simplement demain et ailleurs.
Il n’y a rien de grave.