Le départ en vacances…

C’est l’art d’être à la bourre pour prendre un train qui n’existe pas.
C’est aussi toute la difficulté de la vie, concentrée dans un sac à dos qui ne pourra pas contenir à la fois les deux paires de chaussures, les bouquins au cas où y’ait vachement de temps pour lire, la serviette de toilette que l’on a oubliée de toute façon et que l’on piquera finalement dans les stocks de l’hôte.
Parce que défaire tout le sac pour y fourrer la serviette entre une paire de jeans et le petit T-shirt noir dont le sacrifice eût couté excessivement cher à votre féminité… même pas t’y penses.
Le départ en vacances, c’est aussi les grands concepts mathématiques appliqués. La chaussure, la boîte de capotes, tous ces trucs aux formes difficilement arrangeables qui refusent de se plier aux exigences de l’informité de votre sac à dos.
Sans oublier la part de risque… le pot de confiture s’abstiendra t’il de se répandre dans les vêtements ?

Tiens, j’ai bien fait de venir écrire ce post… Je viens de m’apercevoir que j’avais oublié mon Routard et mes références de réservation d’avion.

Le pari du saumon

Mais ça part en vrille…
Et comment !
Tu sais, c’est pas facile de se rendre compte qu’on fait tout à l’envers.
Tant de choses à expliquer, à détailler, pour moi-même.
Passer en revue l’intégralité de mon être pour tenter de faire le point avec lui.
Avec moi.
La grosse crise qui fait mal, celle qui est insupportable, intolérable, mais que j’attendais avec tant de patience. Qui aura vraiment compris le cheminement ? Personne. Sans doute.
Personne. Et c’est ça qui est important.
Je suis seule aux commandes.
Colère, rancoeur, haine ne me servent strictement à rien.
Si j’ai besoin d’une chose, c’est de vider tout ça. Et accepter le bonheur des autres.
Tous ces sentiments là, je finis toujours par les retourner contre moi.
Pointer un couteau vers quelqu’un ? Ce serait comme m’éventrer moi-même.

Chuis faite pour aimer. Je le sais, je le sens, je le vis, je le vois…
Tout et n’importe quoi. Rien n’a d’importance. J’veux vibrer, j’veux m’extasier connement, j’veux crier, j’veux sourire et rire… J’veux de la vie autour de moi.
La vie, ça a longtemps été la possibilité de m’isoler de tout le monde, rien qu’en rentrant chez moi. Parce que je le voulais. Parce que j’en avais besoin. Parce que je ne me sentais pas la force de laisser… derrière moi… tout ça. Et aujourd’hui, la vie, ma vie, c’est autre chose. C’est lui, c’est toi, c’est eux, des êtres et des instants à créer, recréer, inventer et rendre humains.

Je soigne ma rancoeur au gros sel. ça fait super mal, mais ça fonctionne. Et de même, je chercherai l’humanité là où elle est la plus invisible : au milieu de trop de gens.

J’ai dit aurevoir aux ombres du cerisier sur fond d’étoiles, ce soir. J’ai toujours été très lente à faire mes deuils. Alors je commence maintenant.
Je me donne 8 mois pour changer mon environnement. Tout changer.
L’harmoniser avec moi-même, moi aujourd’hui, moi maintenant.

Pas rassurante.

Quel drôle de petit truc faut être… pour avoir le sentiment de toujours nager à contre-courant tout en cherchant désespérément à atteindre l’océan…

Dites…

Quand les gens disparaissent tous d’un coup d’un seul, où est-ce qu’ils vont ?
Mon agrégateur est en berne, les quais sont vides de toute réelle présence humaine, les terrasses même ne sont pas si remplies qu’hier. Seuls les bots font grimper mes stats de fréquentation aujourd’hui, faisant bosser spamkarma comme le brave antispam fidèle au poste qu’il est.
Vous êtes partis au soleil ? Tant mieux pour vous.
Vous n’êtes pas en vacances et vous vous ennuyez ferme, jonglant docilement entre votre conscience professionnelle et votre superbe envie de ne pas en glander une ? Ha. Comme je compatis.
Je ne sais pas où vous êtes, mais vous auriez pu prévenir pour la fuite massive.

J’ai des tonnes de mots dans la tête, mais je les laisse libres. Ils s’envolent en même temps que mon regard dans les rues. Je retrouve un peu de sérenité, je me réapproprie mes lieux de vie, mes lieux d’errance, paisiblement. Et non moins dans la ferme intention de leur dire adieu pour toujours et de m’envoler moi-même vers un autre ailleurs.
Je sais où je ne veux pas être, et je sais où je veux aller.
Phase 1 checked.
Passage à l’acte, après mes vacances.
Et oui, moi aussi, je me barre.
Je vais me retrouver toute seule dans un grand aéroport et devoir ne pas me perdre et monter dans le bon avion. Vous imaginez pas ce que ça représente pour un pauvre petit organisme monocellulaire aquatique comme moi, hein ?

Au fait, ça y est.
J’ai trente ans. J’ai fait tourner le compteur.
Et je voudrais bien que le beau motard brun arrivé en catastrophe au rayon frais du carouf Saran et reparti de la caisse voisine de la mienne à 20h15 hier soir me contacte. J’ai des trucs à lui faire. Merci.

Toute petite petite petite

J’en reviens pas.
Internet, c’est l’ouverture sur le monde ! Qu’y disaient.
Tu parles.
Macache.
La blogosphère francophone est une pauvre cage dans laquelle j’ai l’impression de tourner en rond depuis qu’il m’a pris l’envie de vouloir l’explorer.
Je peux aller n’importe où, cliquer sur n’importe quel lien, je retomberai TOUJOURS sur un nom déjà vu, voir même sur des personnes que je connais déjà. Que je les apprécie, remarque ;
Ou Pas.
Je peux changer de goûts, m’abandonner là sur le bord de la route ; je pique un cerveau à un clampin de passage, et j’essaie de découvrir le monde avec des neurones autres que les miens.
Pitié, faites que je tombe pas sur un agriculteur chasseur beauceron, j’ai pas envie de voter le pen dimanche.
Haha, désolée ma petite, me répondit dieu, fallait partir d’ici avant.
Noooonnn !!!!!!!!!!!!!!

Oups.
Pardon.
J’étais en plein cauchemar.

Je peux aussi arrêter de m’agaçer toute seule ; je saute de joie et je crie Youpi Que le monde est petit ! en remuant mes petites mains et en faisant semblant d’être heureuse de cet état de compression et d’enfermement qui me devient aussi supportable et vomitif que des nouilles au fond d’un évier.
Je peux aussi me réjouir avec un peu plus d’entrain sincère (ça devrait se trouver, en raclant bien au fond du coeur, chose difficile ces temps-ci, y’a plus de lumière, j’ai oublié de payer la facture d’électricité, y’a des mygales grosses comme mon poing je suis sûre là-bas dedans, des bouts de verre et des lames de rasoir rouillées, je serais moi, je m’y risquerais pas).
Être ravie de voir que je tombe sur des blogs que je lis ou que je lus ou que j’eus volontiers compulsés si je les eusse découverts dans une période faste de mon ouverture sur le monde extérieur. Me satisfaire et m’enorgueillir du petit plaisir de constater que décidément, ceux que je lis ont bon goût et ceux qui lisent ceux que je lis, aussi. Mises à part trois quatre grognasses, mais bon, ça, c’est une autre histoire.
Et hop xp ego +10.

Soit. Faisons péter les noix de cajou. Et allons-y gaiement, se frayer un chemin là-dedans et secouer les barreaux de cette putain de cage.

Children of Men

Faudrait que je le revoie. Que je m’y baigne encore une fois. Tant pis s’il me met mal à l’aise, s’il me dérange. Rien que pour son esthétique, j’ai déjà envie d’y retourner.
Sommes-nous dans un futur proche ? Dans un passé vieillissant? Ou bien dans un présent en latence, ancré bien solidement aux repères de notre société, bien réelle, elle ? Les références à notre propre temporalité se mélangent et se superposent, monde urbain ou rural, rien n’y échappe. Les caméras nous surveillent, le gouvernement fait des siennes, les anarchistes sont des pourris et la rébellion une ironie du sort. Aucune parcelle de notre monde civilisé n’est épargnée, et le fléau de l’absence nous recouvre tous dans une chappe de cendres immatérielles. L’humanité se recroqueville sur une île totalitariste, fuyant le chaos. Personne n’est à l’abri. Le monde est devenu trop petit, trop concentré pour pouvoir continuer à vivre sans imploser. Le rêve d’un ailleurs et d’un avenir pour l’homme relève de la pure féérie, dans un monde où « demain » n’est plus synonyme que de mort, où « hier » n’est plus que l’écho du deuil.
Nous sommes dans le présent, indéniablement. Et le fléau de l’absence règne.
On n’a pas idée de ce que peut être le monde sans le cri des enfants.

J’y ai vu une fable. Une fable remplie de symboles, une fable qui nous raconte, maintenant, aujourd’hui. Une grande fresque de la place que nous accordons à la vie. [Attention, je vais digresser. Don’t fear. I don’t hurt.] J’y ai vu un écho de notre religion jeuniste, notre culte de l’erreur. L’individu s’enferme sur lui-même et se plait à se penser à l’abri, protégé, dans sa propre petite bulle, dans sa propre petite autocratie, sa propre petite quête hédoniste, sa propre recherche de valeurs intrinsèques. Nous sommes aspirés par nos propres personnes comme une pauvre étoile peut l’être par un trou noir.
On jette tout en bloc, au nom du Droit, au nom de la Liberté, en espérant que dans le noir, on pourrait peut-être y voir plus clair. On oublie le principe vital.
La vie, l’amour. (Les vaches). (Désolée).
(Tiens, celui-là aussi faudrait que je m’y replonge !)

Children of Men, (Les Fils de l’Homme en VF) c’est l’histoire d’un accouchement. C’est l’histoire de l’homme qui est en train d’oublier la vie, et qui attend le miracle de son retour. Il est en train de crever. C’est un homme stérile, une femme trop vieille, une humanité malade de sa propre folie, qui s’illuminent en apercevant une vie. Une vraie vie. Une vie oubliée. Une vie jeune. Une vie à protéger. Un amour à la fois transcendant et matérialisé de chair, de sang, d’os, et d’innocence.
C’est un accouchement dans la douleur, dans la misère, les cris et les bombes. Un accouchement d’aujourd’hui. Aujourd’hui… Le temps béni où les hommes refusent de voir qu’ils n’ont pas de lendemain.

La morale simpliste « faites des enfants » est loin de me satisfaire.
La morale est une affaire de personne. Chacun la sienne. Et si elle pouvait en plus être propre…

Bonjour

Je te vis comme une agression.
Une agression permanente.
Etre invivodynamique.
Etre suffisamment forte pour ne pas m’accrocher aux courants d’air que je traverse. Ne pas en ressentir la piqûre. Aussi brûlants puissent-ils être.
Devenir par là-même une autre de ces formes indistinctes d’agression quotidienne. Me fondre dans la masse composite de milliards d’êtres humains interconnectés, interagressés.

Me blinder ? Pourquoi pas. Et devenir quoi ? Un rocher ? Un mur ?
Je n’ai pas les briques pour. Ou peut-être pas le ciment.
De la mousse. Sûrement. Et j’y tiens. Elle me permet d’être douce avec toi, quand tu as besoin de mes bras.
Minérale ? Végétale ?
Animale. Je suis un « être vivant ». Une injure des anciens temps. Je viens du souffle de la vie, principe vital.
(Et décidément, le telfi est mon ami)
Païenne. Jusqu’au bout de l’ongle de mon petit orteil gauche.
Agnostique pratiquante, je m’exerce à la contemplation du blé qui pousse et du métro qui passe.

Je te vis comme une agression, comme une occupation. Et j’ai envie de t’agresser moi aussi.
Voir de quoi tu es fait.
Après le regard de l’inconnu sur soi, la première des agressions, et sans doute la mère de toutes les autres, c’est ça :

Bonjour, moi c’est Blandine.
Et toi ?

On y est.

Elle m’a dit que c’est quand même dingue, que de si petites choses aient tant d’impact sur toi.
Moi je lui ai dit que c’est vrai, c’est dingue.
Le truc bien, c’est que ça marche aussi au positif, tout ça. Qu’un mot, rien qu’un mot, peut me donner le courage de me sortir la tête de la poubelle dans laquelle je nage.
En faisant la vaisselle, je me disais qu’il serait temps que tu dises adieu à toutes ces petites choses bien matérielles avec lesquelles tu te maintiens attachée à ton passé.
En faisant la vaisselle, j’ai laissé tomber un verre, sans faire exprès. Par ce vecteur en forme de verre Amora bien anodin, j’ai réussi à casser le verre Kriek que m’avait offert Mika et une assiette de ma grand-mère.
J’ai souri, j’aurais bien continué à tout casser. Quand je n’aurai plus rien qui m’attache au passé, faudra bien que je me tourne vers demain.
Ce que je prenais pour de l’assurance, de la confiance en moi, ce n’était au fond que de la confiance en l’autre. Le repos de l’esprit assuré. Fermer les yeux et y croire.
Ce n’est pas en moi que je crois, alors.
Les doux dingues qui me hantent la caboche et me font rêver. Mes gentils fous qui m’ont fait battre le coeur parce qu’il n’y a qu’auprès d’eux que je sens la vie couler dans ma chair. Parce qu’ils incarnent mes plus précieuses pensées, celles que je ne me sens pas capable de faire vivre toute seule.
Il est l’heure de se dire adieu, petite fille.
Tes rêves, tu les retrouveras, peut-être plus tard. Sûrement quand tu ne t’y attendras pas. Ils ne ressembleront sûrement pas à ce à quoi tu t’attendais.
Mais qu’importe. L’important, c’est de laisser les fourmis rouges gambader, les laisser faire leur chemin.
Peu importe qu’elles aient existé ou non, peu importe les salissures. Si je continue de vomir en regardant au fond d’un évier, tant pis.
Tant pis si maman me fait pleurer rien qu’en existant, tant pis.
Je ne serai pas elle. Je ne suis pas elle.
Faut avancer, à présent.
Parce que le fond de l’évier, tu le touches, là, maintenant.

Ecrasé

Je crois que j’ai un peu moins envie de crever que ce matin. Me méfie de mes vilaines petites pulsions malsaines qui pourraient me pousser à aller gouter la barrière de sécurité quand je roule à 110. Mais en fait non. Je m’imagine mal en morte.
ça va super bien, donc.
Par contre, j’ai toujours envie de vomir.
Mon corps est absolument génial. Il a envie de tout rendre quand ma tête elle va pas bien, et qu’elle arrive pas à le faire elle-même.
Il a plus d’appétit, il est tout chétif. Il me dit, fais gaffe, t’es en train de sombrer, là. T’es en train de te mentir. T’es en train de faire de l’humour alors que t’as envie de chialer comme un môme.
Tu sais même plus distinguer le vrai du faux. Ce que tu ressens vraiment, de ce que tu essayes de te persuader de ressentir.
Si j’essaye de faire le croisement de tout cela, j’arrive à un puissant sentiment global de trahison.
Putain comment c’est trop beau l’amitié, parfois.
Avoir quelqu’un qui prend le temps de t’écouter et qui cherche pas par tous les moyens à te fuir, ou à te faire fuir.
Non, vraiment. C’est chouette.
J’en veux encore des comme ça.

Est-ce que j’existe encore, dans ces moments-là… ? Moi, je ne sais pas. Certains ont su me le dire. D’autres ne veulent surtout pas.
Réussir à se convaincre que l’on peut exister, être vivant, continuer à vivre… même si l’on n’est qu’une tâche dans la mémoire d’un autre.

Comment ça coute trop trop cher de faire le deuil d’un idéal… Je vais éviter de faire ça trop souvent.

Mais surtout, retourner dormir.

youpi sourire tralala youhou pouet pouet kikoolol

Je n’arrive plus à faire quoi que ce soit de constructif au travail depuis mardi matin.
Une grosse réunion régionale, demain, dont je suis responsable.
Et je n’avance pas.
Je peux plus. Je veux plus. J’y arrive plus.
Soit je suis vraiment malade dans mon corps. Soit je suis vraiment malade dans ma tête.
Il me semble bien, mais je n’en suis pas sûre à 100 %, que je suis en train de frôler la dépression.
Je me barre. Je rentre dormir chez moi.
J’aimerais bien, si c’est possible, ne jamais me réveiller.