Je m’étais arrêtée à 499. Voilà donc le 500 ème. ça aurait pu en être un autre. Il y a une dizaine de brouillons qui attendent d’être pondus, et qui peuvent sûrement attendre encore longtemps. Je vous préviens tout de suite, ce soir, c’est catharsis et logorrhée. Normal, après une constipation de plusieurs années.
Les mots ont tourné toute la journée. La colère est revenue, teintée de nouvelles nuances. Je me suis évertuée depuis des mois à me dire qu’il fallait à tout prix que je pardonne, que je ne pouvais pas garder cette colère en moi. J’ai voulu la faire disparaître, l’amadouer, l’apaiser, la chasser, j’ai tout essayé et rien n’y a fait. La colère est là, plus vive que jamais. Elle transforme en rage tout ce qu’elle approche.
Je peux pardonner à l’être qui m’a fait souffrir. Ok. Je renonce à tout espoir d’un meilleur passé. Je peux accepter qu’il n’a fait que comme il pouvait, avec les moyens intellectuels, affectifs, émotionnels, instinctifs qu’il avait. Comme un gros bâtard de fils de crevure de sa mère, quoi.
Je peux me pardonner. Je peux me pardonner d’être un champ de bataille, de trouver que le Général n’est pas très futefute parfois, que le Juge est un gros con qui me pourrit un peu la vie, que la Gamine, elle est pas très facile à consoler, que c’est le merdier, que c’est la colère, que c’est l’envie d’écouter « Mad World », et que coucou Melancholia, je savais pas que tu t’invitais ce soir chez moi. On se fait un strip poker ?
Mais les actes, les mots, je peux pas pardonner. J’y arrive pas.
Dans mon univers, les mots ont un sens. Par exemple « Je ferai tout ce qu’il faudra pour apaiser tes angoisses », ça a un sens.
Agir contre le sens de ces mots, ça a un sens. Me raccrocher au nez lorsque cette angoisse est trop forte, et que les engagements pris n’ont pas été respectés, ça a un sens.
Dire « pardon » du bout des lèvres sans avoir l’air de comprendre le sens du mot, ni comprendre pourquoi il devrait être prononcé, ça a un sens.
Dire « La seule chose que je regrette, c’est de m’être engagé à quelque chose », ça a un sens.
Dire « quand j’irai coucher avec une autre fille, je ne t’autoriserai à m’appeler qu’en cas d’urgence. Par exemple s’il arrive quelque chose à tes parents » (en gros, si mes parents crèvent), ça a un sens.
Et le seul sens que ça a, tout ça, c’est celui de la colère.
Ha. On était bien partis pourtant. C’était beau, ce soir là, quand tu m’as dit « je t’aime » pour la première fois, après dix mois. Bon, c’est vrai que c’était juste après m’avoir annoncé que tu avais besoin de séduire d’autres femmes, dans l’honnêteté et le respect ! Sans te sentir ni coupable, ni frustré. C’était chou. Mais bon, il fallait bien que tu trouves un truc pour t’assurer que j’étais bien ferrée, hein.
T’étais mignon à vouloir t’essayer au polyamour, sans avoir seulement conscience que le seul amour que tu pratiques, c’est la succion de l’amour des autres. Petit narcissique chéri.
Ce qui était vraiment rigolo, c’était l’espèce de cinéma que tu as joué lorsque j’ai décidé de te quitter. Tu avais des larmes dans les yeux. Tu avais le cerveau qui pleurait, je crois. Tu étais tellement heureux de savoir que de toute façon, tu avais déjà ta nouvelle proie.
Et tu m’as dit « Tu ne me manqueras pas parce que je te garderai toujours dans mon coeur ». Et puis après, pouf, tu m’as oubliée. Rayée. Effacée.
Je crois que ça avait un sens. Mais lequel ? Celui de la parodie d’amour que tu as jouée pendant un an ? Celui de l’impossibilité pour toi de faire face à la responsabilité des événements que tu m’as fait vivre ? De l’impact émotionnel que ça a eu sur moi ? Celui de ton incapacité profonde à te savoir responsable des larmes et de l’angoisse d’une femme alors que la seule chose que tu désires trouver dans ses yeux, c’est l’admiration sans faille qu’elle a pour le personnage grotesque avec lequel tu te déguises ?
Pendant des mois, j’ai cherché la sortie de ton coeur qui pue le moisi. T’es tellement laid vu de l’intérieur. La pourriture de tous tes mensonges inconscients, les ordures accumulées et refoulées que tu entasses dans ta déchetterie. Et c’est avec ça que tu fais circuler ton sang ? Pauvre petit.
Bon voilà. Cette fois, le bagage est posé. Il criait depuis trop longtemps. J’aurai dû écrire tout ça sur un bout de papier pour pouvoir le brûler. Mais j’y arrive pas. J’ai besoin de ma colère… pourquoi ? Et surtout, pourquoi aujourd’hui ? Pourquoi ce soir ? Peut-être parce que j’ai reparlé de ces événements plusieurs fois récemment. Et que j’espère ne plus le faire.
Dire que tous mes stratagèmes d’apaisement semblaient si bien fonctionner. Je suis allée me sauver dans chacun de mes souvenirs douloureux. J’ai récupéré les couleurs que tu m’avais volées. Je suis allée me consoler, me dire « t’en fais pas, regarde, tu es plus heureuse que jamais aujourd’hui ! » J’ai fait le truc du bidouillage photoshop de souvenirs, je t’ai vu petit garçon, tu me faisais pitié. Je t’ai changé en cafard, je t’ai écrasé. Je t’ai donné une voix de canard, tu étais ridicule. Mais décidément, la PNL, c’est pas ma voie naturelle. Et peut-être que j’ai besoin de vivre le deuil de cette relation à ma façon. Peut-être que depuis que j’ai mis le nez depuis quelques jours dans ces outils sensés aider à l’apaisement, je n’ai fait que secouer des choses qui ne demandaient qu’à mourir tranquillement. J’ai bien repéré que quand j’essaye de forcer en n’employant pas les bonnes méthodes, ou les bons mots, ça coince, et ça se manifeste très vite. Mais en attendant, je m’amuse beaucoup à chercher comment il faut que je me parle pour que j’accepte de m’écouter.
L’écriture serait donc mon seul vrai remède ? Vais-je donc devoir t’écrire et te triturer encore pendant des semaines pour retrouver la paix ? Ce serait en fait une joie. Ce serait ma seule vengeance acceptable. Ce serait en même temps te faire beaucoup trop d’honneur. Et au fond, je n’en ai aucune envie. En revanche, vous transformer, toi, souvenir, et toi, colère… Vous utiliser à mon propre usage, pour mon propre plaisir, oui, ça, ça me dit bien. La colère… l’émotion du centre instinctif qui bloque tant chez moi. L’émotion que j’ai le plus de mal à gérer. Parce que j’y vois de l’énergie gâchée. Alors que je pourrais me faire tant de bien avec. Peinture, Qi Gong m’attendent encore. Mais d’autres choses peu à peu se débloquent et m’ouvrent à ma liberté d’action. Prochaine étape : Virer ma psy. ça va être dur. Bah oui, on s’y attache à ces petites bêtes. Mais là, non, c’est plus possible. Elle veut m’entraîner vers quelqu’un que je ne suis pas. Elle me pousse vers la normalité de son univers. Je freine des quatre pieds, tout en me laissant bercer par le côté sécurisant et rassurant de ces paroles, si douces envers moi. Si douces. Trop douces. Dark plancton est frustrée. Pour qui elle se prend cette nana pour être si gentille avec moi ? Pour me dire que je ne suis pas une affreuse méchante manipulatrice ? Merde alors. Y’a des moments où j’ai envie de ma dose de flagellation à l’ortie. C’est un souci. Parce que je me doute bien que c’est un coup de la Gamine ou du Juge. Ils font chier tous ces squatteurs. Je veux simplement fuir tous les jeux de pouvoir. Toutes les emprises et toutes les attentes que les autres peuvent avoir sur moi. (Et finir ermite, si le plan se déroule sans accroc. Ce que je n’espère pas. )
Et sinon, en vrai, je vais bien. Plancton fête son 500ème post. Et les mots clés sont « renouveau » et « liberté ». Et « va chier ».
Bonne nuit petite planète. Désolée, pardon, merci, je t’aime.
Bonne nuit super plume…